La rémunération chez Power dénoncée par le MÉDAC
14 mai 2012
Jean-François Cloutier, Argent
Le Mouvement de défense et d’éducation des actionnaires (MÉDAC) revient à la charge dans sa critique des pratiques de gouvernance de Power Corporation en dénonçant le mode de rémunération de ses plus hauts dirigeants.
L’organisme de protection des actionnaires, qui a initié un bras de fer, repris de façon personnelle par son fondateur, Yves Michaud, pour obtenir la divulgation des résultats de la filiale Gesca de Power, a soumis quatre recommandations au holding montréalais en prévision de l’assemblée annuelle qui doit se tenir mardi.
Trois ont trait à la façon de payer ses plus hauts dirigeants.
Dans la première, le MÉDAC critique le fait que Power paie ses cadres en leur octroyant des options susceptibles d’être exercées lorsque l’action est en hausse. En 2011, les deux co-PDG de Power, Paul Jr. et André Desmarais, en ont touché pour 1,37 M $ chacun, révèle la circulaire de sollicitation de procurations.
« Des études ont démontré que la performance boursière des organisations est influencée par de nombreux facteurs qui ne sont pas contrôlés par les hauts dirigeants comme les taux d’intérêt ou l’inflation », explique le MÉDAC dans le texte de sa proposition.
L’autre proposition voudrait qu’on lie la rémunération à la performance en établissant « le rang de la rémunération du plus haut dirigeant d’une organisation et celui de sa performance financière par rapport à un groupe d’institutions comparables ».
La troisième proposition porte sur l’indépendance requise des conseillers en rémunération.
La quatrième, enfin, préconise une plus grande indépendance des administrateurs de Power.
« Plusieurs administrateurs de Power ne sont pas indépendants et se côtoient aux mêmes conseils d’administration. Une telle pratique réduit les bénéfices d’un conseil d’administration composé de personnes ayant des expériences différentes », souligne le MÉDAC.
Dans la circulaire, la direction de Power répond au MÉDAC en recommandant de voter contre toutes les propositions soumises.
« Les participants au régime ne peuvent profiter des options qui leur sont octroyées que si le cours des actions de la Société augmente à long terme », soutient l’entreprise.
À propos de la deuxième proposition, Power juge que le conseil d’administration et son comité de rémunération ont toute l’indépendance requise pour fixer une rémunération adéquate.
Quant à la troisième, Power estime que « la proposition n’a plus aucune raison d’être » étant donné que « les lois sur les valeurs mobilières canadiennes applicables obligent désormais les sociétés à divulguer la rémunération qui leur est facturée par leurs consultants en rémunération ».
La quatrième proposition n’est pas mieux reçue par le holding, qui juge qu’elle compromettrait son modèle d’entreprise.
« Des années de réflexion et d’efforts ont abouti à la mise sur pied d’un modèle de gouvernance efficace qui convient à notre groupe », affirme Power.
En entrevue, un employé du MÉDAC, Willie Gagnon, a jugé « ahurissante » la progression de la rémunération chez Power depuis cinq ans. « La rémunération de Paul Desmarais Jr. a presque doublé. Ça dépasse de beaucoup les hausses dans la société civile », a-t-il expliqué.