Grande-Bretagne : une étrange prime de 9 M $ contestée par les actionnaires de Barclays
09-04-2012
Diane Bérard, lesaffaires.com
BLOGUE. L’assemblée annuelle de Barclays du 27 avril prochain s’annonce houleuse. Quatre des actionnaires principaux (Standard Life, Fidelity, Aviva et Scottish Widows), qui comptent pour 6,5 % de l’actionnariat, se prononceront contre la rémunération du PDG.
La rémunération totale de Bob Diamond, PDG de Barclays, s’élève à 26,9 M $
Cette somme inclut une « compensation fiscale » de 9 M $. Bob Diamond est américain. Barclays ajoute chaque année 9M $ a son salaire de base pour compenser le taux d’imposition plus élevé en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis.
La firme Pirc – la boîte de consultants qui conseille les actionnaires dissidents – n’accepte pas cette « compensation fiscale ». Pirc estime que cette somme va à l’encontre du code de conduite de l’association des assureurs britanniques. On y déclare que « la rémunération n’a pas à compenser pour les changements de statut personnel de l’employé ».
Pirc estime aussi qu’il est déjà connu que les échelles fiscales varient d’un État à l’autre et que la rémunération des dirigeants est déjà ajustée pour en tenir compte. La prime de 9 M $ de Bob Diamond ferait donc double emploi.
Selon Guy Jubb, responsable de la gouvernance chez Standard Life, « personne ne s’attendait à ce que cette somme de 9 M $, probablement l’une des sommes les plus élevées reliées à la rémunération chez Barclays, soit mise en lumière. »
Si le conseil de Barclays croyait que ça passerait comme une lettre à la poste, c’est raté. On estime que les actionnaires dissidents réclameront la tête de la présidente du comité de rémunération, Alison Carnworth, pour avoir approuvé la compensation fiscale de Bob Diamond.
À quoi pouvait bien penser le comité de rémunération de Barclays en approuvant cette « compensation fiscale » de 9 M $?
Il a simplement suivi la tendance. C’est ce qu’on appelle « la pensée de troupeau ». Dans tous les conseils – surtout ceux du secteur financier – on répète le même mantra : la lutte est féroce pour attirer les meilleurs PDG, c’est à qui fera la meilleure offre, il faut y mettre le prix. Jean Douville, président du conseil de la Banque Nationale l’a dit la semaine dernière. À ceux qui dénonçaient la hausse de 47 % de la rémunération de Louis Vachon (PDG de la Nationale), Jean Douville répond que cette rémunération reflète « la réalité dans laquelle nous vivons ».
La déclaration de monsieur Douville confirme qu’il existe plusieurs « réalités » et plusieurs « nous ».
Il faut croire que dans le dossier de la rémunération de Bob Diamond, les quatre actionnaires dissidents de Barclays se dissocient du « nous » de monsieur Douville. Voilà qui est fort intéressant, car, pour qu’un système change de façon durable, la pression doit venir de l’intérieur.