« Comment j’ai pris mes finances en main »

2011-07-23
Marie-Claude Morin, Les Affaires

Entrepreneur, artiste ou ingénieur : tout le monde peut comprendre l’ABC de ses finances. Suffit d’avoir le « déclic » et de prendre son éducation financière en main. Caroline, Luc, Carole, Daouda et les autres qui témoignent dans ce reportage l’ont fait. Pourquoi pas vous?

Pendant 25 ans, Sylvie Savoie a géré son entreprise spécialisée en matériel d’art et en reprographie numérique. Puis un jour de 2007, l’acheteur s’est présenté. Avec dans les mains un chèque qui pouvait lui assurer une retraite confortable… à condition de le faire fructifier. Pour la jeune quinquagénaire, une évidence s’est imposée : elle devait comprendre ses finances.

« C’est un mal nécessaire de s’intéresser à ses finances », dit Mme Savoie, qui avoue en riant que le placement n’est pas du tout sa tasse de thé. Pas question de troquer sa nouvelle passion, le vitrail, pour la finance. Encore moins question toutefois d’acheter des produits financiers sans les comprendre ou sans en minimiser les frais. « On doit s’occuper de son argent si on veut assurer ses revenus de retraite et ne pas être esclave de ses courtiers. Même si on leur fait confiance, il ne faut pas oublier qu’ils sont juges et parties quand vient le moment de placer notre argent. »

Pour démystifier le monde du placement, Mme Savoie a assisté à la formation offerte par le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) à l’automne 2010. Une expérience qu’elle a beaucoup aimée, appréciant particulièrement le contenu accessible et bien vulgarisé. À la fin du cours, elle n’était plus gênée de poser des questions. « J’ai tout renégocié avec mes courtiers. Ma première question maintenant, c’est : combien ça me coûte? » Résultat, elle est passée des fonds communs aux produits indiciels, et elle a regroupé ses avoirs chez le courtier qui lui offrait le meilleur service. Une fois ces grands changements effectués, elle n’a plus qu’à faire un suivi annuel, dit-elle.

Rentabiliser les économies de papa

Pour Luc Larivée, le déclic est aussi venu d’une rentrée soudaine d’argent. Au décès de son père en 2002, l’homme d’affaires – il fabrique des produits cosmétiques à base d’huiles essentielles – a hérité d’une somme importante à gérer. Il commence alors à consulter des publications et des sites Web consacrés à la finance, tout en restant un investisseur passif. Du moins jusqu’à la débâcle de 2008. « Il n’était pas question de reperdre! C’est pourquoi j’ai commencé à m’intéresser sérieusement à la finance. » L’homme de 50 ans enchaîne alors les formations : l’Actif, le MÉDAC, Décision-Plus. Clairement, une passion était née. « J’en ai mangé pendant plusieurs mois, des cours sur le placement, et maintenant je négocie sur les marchés pratiquement tous les jours. »

Au MÉDAC, il a revu des notions de base et a acquis des connaissances complémentaires. « Le cours couvre les divers aspects des marchés financiers. Je le suggère fortement à ceux qui ont peu de connaissances, et même à ceux qui en ont puisque ça permet de placer les pièces du casse-tête. »

À l’Actif, une coopérative en animation et en formation financière, il s’est initié à l’analyse fondamentale et à l’analyse technique. C’est cette dernière approche, qui implique des placements de courte durée, qu’il a adoptée. Satisfait des cours de l’Actif, notamment des conseils pour minimiser les risques, il surveille le calendrier des prochaines formations avec intérêt. « Il y a toute une brochette de profs à l’Actif qui m’épatent. Ils viennent de tous les milieux et connaissent leur domaine. »

Apprendre un nouveau vocabulaire

Actions, fonds, obligations : jusqu’à récemment, la terminologie des placements était un véritable charabia pour Carole Montmarquette, professeure de chant et recherchiste pour la télévision. Sachant qu’elle vendrait prochainement sa maison, la Montréalaise a toutefois décidé de prendre le taureau par les cornes il y a deux ans. Intimidant ou pas, elle le comprendrait, le jargon! Après tout, c’était de son indépendance financière et de la protection de son capital qu’il s’agissait.

Elle s’est donc inscrite au cours du MÉDAC. « Je ne comprenais rien au début! Mais ça a été bénéfique pour moi. » Si c’était à refaire, par contre, Mme Montmarquette opterait pour les cours sur quatre semaines plutôt que pour la formation intensive.

Pour poursuivre sa formation, elle feuillette son dictionnaire terminologique et consulte des livres de finances personnelles, dont ceux de Suze Orman, chroniqueuse à l’émission d’Oprah Winfrey. Parallèlement, elle « magasine » un conseiller financier de façon méthodique. Au menu, une liste des principales institutions financières, des rencontres d’une heure ou deux et beaucoup de questions. Des questions auxquelles l’heureux élu saura répondre de façon claire. « Quand on m’explique, je suis capable de comprendre! »

Reprendre les rênes

Deux mois. C’est le temps que l’institution financière de Nicole T. a pris avant d’acheter les parts d’un fonds commun de ressources naturelles qu’elle avait demandées. Un délai resté sans explications, qui lui a fait manquer un bond du pétrole et de l’or. « J’étais vraiment frustrée. J’en ai tiré une leçon : il vaut mieux que je m’occupe de mes placements plutôt que de les laisser entre les mains d’autres », explique la dame, qui oeuvre dans l’assurance depuis près de 30 ans.

Elle décide de passer à l’action un beau samedi, en lisant son quotidien dans un café. Déjà forte d’une formation en économie et en finance, elle doit acquérir des connaissances pratico-pratiques. Pour ce faire, elle s’inscrit à la formation offerte par l’Institut collégial de la littératie financière, une initiative pilotée par Paul Bourget, un professeur au Collège Rosemont de Montréal.

« Ça a été merveilleux! J’attends la suite avec impatience. » En plus des explications et des références de livres et de sites Web fournies par M. Bourget, Mme T. a beaucoup aimé les échanges avec les autres participants. La plupart d’entre eux étaient dans la quarantaine et la cinquantaine, et certains étaient déjà très actifs sur les marchés.

Cette formation lui a donné la piqûre. Elle consacre maintenant une à deux heures par soir et un jour par semaine à ses placements boursiers. « J’aimerais m’occuper de trading à ma retraite. » Ce ne sera pas avant une dizaine d’années. À moins qu’elle ne continue à avoir autant de succès sur les marchés…

Source ›››

Partenaires :