Grosse paie, petite performance

6 mai 2010
Hélène Baril, La Presse

Parce que la performance de BCE laisse à désirer, ses dirigeants ne méritent pas la paie qui leur a été versée en 2009, estime le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), qui recommande de voter contre la politique de rémunération de l’entreprise lors de l’assemblée annuelle d’aujourd’hui.

Le grand patron de BCE, George Cope, a reçu l’an dernier une rémunération totale de 4,6 millions de dollars, dont près de la moitié sous forme de prime annuelle. C’est trop, selon le MÉDAC, étant donné la performance de l’entreprise.

En 2009, les produits d’exploitation de l’entreprise de télécommunications sont au même niveau qu’en 2007, et son bénéfice net est très largement inférieur à ce qu’il était il y a deux ans, souligne l’organisme.

En outre, deux des trois principaux objectifs fixés par la direction ont été atteints de peine et de misère. Le bénéfice avant impôt, intérêt et amortissement (BAIIA) a été de 5,994 millions, alors que la cible était de 5,976 millions. Les produits d’exploitation, à 15,020 millions, ne sont que très légèrement supérieurs à l’objectif de 15,015 millions.

Avec de tels résultats, la somme des primes versées à George Cope est «  surprenante et injustifiée  », estime le MÉDAC.

«  Ça mérite un coup de semonce de la part des actionnaires, afin que la direction puisse rectifie le tir  », a commenté le porte-parole du MÉDAC, Normand Caron.

En 2009, BCE n’a pas réussi non plus à stopper la perte d’abonnés de son service résidentiel, qui dégage des marges élevées, et ses parts du marché des moyennes et grandes entreprises ont été à peine maintenues au niveau de l’exercice précédent.

«  Qu’est-ce que le conseil d’administration a donc voulu récompenser?  » demande le MÉDAC, qui croit qu’un travail acceptable devrait être rétribué par le salaire de base, et que les primes devraient être réservées aux performances exceptionnelles.

Le salaire de base du président et chef de la direction de BCE a été de 1,25 million en 2009, mais, avec les primes et les autres bonus, sa rémunération totale a atteint 4,65 millions.

C’est la première année que les actionnaires peuvent se prononcer sur la rémunération des dirigeants des grandes entreprises au cours d’un vote tenu durant l’assemblée annuelle. Il s’agit d’un vote consultatif, mais qui peut néanmoins influencer les politiques de l’entreprise.

Le MÉDAC a recommandé aux actionnaires de voter contre la politique de rémunération de toutes les grandes entreprises canadiennes, à l’exception de deux. Il s’agit de l’Industrielle Alliance et de la Banque Laurentienne qui, selon l’organisme qui défend les droits des actionnaires, ont des politiques de rémunération bien alignées sur leur performance.

«  Quand il y a de la performance et pas d’exagération, on a un préjugé favorable  », a fait savoir Normand Caron.

Parmi les entreprises qui ont déjà tenu leur assemblée annuelle et soumis leur politique de rémunération à ce vote consultatif, c’est à la Banque de Montréal et à la Banque Royale que l’opposition aux salaires des hauts dirigeants a été la plus forte.

Près de 11  % des actionnaires de la Banque de Montréal et 8,8  % de ceux de la Banque Royale ont voté contre les politiques de rémunération des deux institutions financières.

Ce n’est pas suffisant pour forcer les entreprises à faire marche arrière, mais ça les oblige à tenir compte de l’opinion des actionnaires ordinaires, croit le MÉDAC.

«  En fouettant, on se rend compte qu’il y a un impact à moyen et à long terme sur la gouvernance des entreprises  », dit Normand Caron.

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