L’éducation financière doit commencer à l’école

Le Groupe de travail sur la littératie financière récuse l’abolition du seul cours d’économie du secondaire

20 avril 2010
Alexandre Shields, Le Devoir

Le système d’éducation devrait être beaucoup plus impliqué dans les efforts visant à améliorer les connaissances et les compétences financières des Canadiens. Tel est le message unanime qui est ressorti de la première journée de consultations publiques organisées à Montréal par le Groupe de travail sur la littératie financière.

Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) a d’ailleurs recommandé, en tête de liste de ses priorités, « la réintroduction des cours d’éducation financière au niveau secondaire au Québec ».

« La décision d’abolir le cours qui était donné [en Ve secondaire] n’est pas très sage. Lorsqu’on pose quelques questions aux gens qui suivent nos formations ou nos conférences, on constate que leurs connaissances financières sont minimales. Parfois, l’ignorance est profonde. Alors, pourquoi ne pas enseigner certaines notions aux jeunes tandis qu’ils sont à l’école? », a fait valoir son président, Claude Béland. Une recommandation qui a fait pour ainsi dire « l’unanimité » parmi la douzaine de groupes qui sont venus présenter un mémoire dans le cadre des consultations, a expliqué le vice-président du groupe mis sur pied par Ottawa, L. Jacques Ménard.

Ce dernier a lui-même critiqué l’abolition de l’unique cours d’économie du programme scolaire secondaire, même si l’on assure au ministère de l’Éducation que les notions sont enseignées dans le cadre d’autres cours. « Tous les intervenants ont déploré qu’au Québec, on ait décidé de retirer ce cours, a-t-il souligné au Devoir. Souhaitons que le gouvernement ait simplement voulu faire une pause pour adapter le cours aux nouvelles réalités plutôt que de le disperser à tous les vents, au nom de la réforme. » Il y a quelques semaines, M. Ménard avait aussi affirmé : « Il est déplorable qu’on laisse aller un cours comme celui-là au moment où les jeunes commencent à avoir des revenus d’emploi. »

Courchesne sensible

D’autant que le Québec serait la seule province à avoir agi de la sorte, a-t-il précisé. Selon lui, la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, se serait toutefois dite sensible aux inquiétudes formulées depuis quelques mois par différents intervenants, dont M. Ménard. Lors de la présentation de son mémoire aux audiences publiques tenues hier, l’Autorité des marchés financiers a elle aussi plaidé pour « une implication directe du système scolaire » pour améliorer la littératie financière.

La nécessité d’une telle formation dans le cadre scolaire ne fait également aucun doute pour M. Béland, qui a fait valoir hier que « les jeunes devraient plus que jamais être sensibilisés à l’épargne et à la planification de leur avenir financier ». Après tout, les tentations sont nombreuses dans un monde où la publicité est omniprésente et où les adultes en devenir occupent souvent un emploi qui leur ouvre les portes de la consommation, voire de la surconsommation.

Les statistiques d’endettement parlent d’ailleurs d’elles-mêmes. Les jeunes qui ont à peine atteint la vingtaine sont de plus en plus nombreux à vivre d’importants problèmes financiers en raison de leur haut niveau d’endettement. Près de 60 % des 18-29 ans ont des dettes, le plus souvent de carte de crédit. Le tiers doit plus de 10 000 $ et le cinquième plus de 20 000 $.

Le Groupe sur la littératie financière, qui tient une autre journée d’audiences publiques aujourd’hui à Montréal, a été mis sur pied en 2009 par le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, dans le but de lui soumettre des recommandations afin de « mieux coordonner les efforts d’éducation financière en établissant une stratégie nationale ».

Outre les questions de l’épargne, des placements, de la planification de la retraite et de la prévention de la fraude, le Groupe entend consulter les Canadiens sur l’épineuse question de la gestion de la dette personnelle. Rappelons qu’entre 1990 et 2008, la croissance des dépenses des ménages a été deux fois plus rapide que celle de leurs revenus, tandis que la croissance de leur endettement a été six fois supérieure.

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