Vente d’Air Transat : « Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le Québec »
23 août 2019
TVA Nouvelles
Les actionnaires de Transat ont largement approuvé vendredi matin l’offre d’achat à 18 $ l’action faite par son concurrent Air Canada. S’il s’agit d’une bonne affaire pour le conseil d’administration du voyagiste, ce n’est pas nécessairement le cas pour les voyageurs québécois.
Inflation des prix, possibles pertes d’emplois et manque de concurrence : les tenants et aboutissants de la vente de Transat à Air Canada ne sont pas encore connus, mais déjà, l’inquiétude est vive chez certains experts. «Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le Québec», a tranché Michel Girard, chroniqueur financier au Journal de Montréal.
C’est qu’Air Canada n'a fourni aucune garantie quant au maintien à long terme du siège social de Transat à Montréal et des 5000 emplois qui y sont liés. Et même si le PDG du voyagiste, Jean-Marc Eustache, a voulu se montrer rassurant devant les médias au sujet de l’avenir de la compagnie dans le giron d’Air Canada, Michel Girard estime que la transaction n’est pas favorable aux consommateurs ni aux fournisseurs québécois.
«Le grand gagnant, c’est le conseil d’administration et la haute direction de Transat, qui “passe au cash”. Le grand patron (Jean-Marc Eustache) va encaisser pas loin de 28 millions de dollars, souligne le chroniqueur. Ensuite, il y a Air Canada, parce qu’en mettant la main sur Transat, il se défait d’un gros concurrent.» Loin d’être terminé
L’approbation de l’offre d’achat d’Air Canada par les actionnaires de Transat était la première de plusieurs étapes avant la conclusion de l’alliance entre les deux transporteurs. Les dirigeants de Transat devront maintenant répondre aux questions du ministère des Transports et, surtout, du Bureau de la concurrence.
«On sait que Transat, c’est l’un des principaux concurrents d’Air Canada», rappelle Michel Girard. «Est-ce que la concurrence va se maintenir? J’en doute beaucoup. Est-ce qu’en termes de prix, ce seront des prix compétitifs? Voyons donc...», s’inquiète-t-il.
Michel Girard s’attend à ce que plusieurs groupes de pression fassent valoir leur point de vue en défaveur de la transaction devant le Bureau de la concurrence. À l’issue du vote des actionnaires, un membre du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), Willie Gagnon, a d’ailleurs déclaré avoir «l'impression d'assister à des funérailles».
Malgré l’opposition de quelques actionnaires, dont le patron de Québecor Pierre Karl Péladeau, la vente à Air Canada a été approuvée avec une écrasante majorité de près de 95 %.