La « banque » Desjardins sommée à comparaître
2018-05-25
Léopold Lauzon, Le Journal de Montréal (Blogues)
Mars 2018, le folklore continue et la banque Desjardins est tenue d’aller au parlement québécois afin de s’expliquer sur ses nombreuses fermetures de succursales en région : « Desjardins devra s’expliquer à l’Assemblée nationale » (Le devoir, 16 mars 2018). Et le député libéral Guy Ouellette qui se félicite lui-même d’avoir initié cette grosse farce rocambolesque élaborée dans le but de montrer au monde que le Parti libéral du Québec et les autres partis ne sont pas des « moumounes ». Ces dernières années, la « coopérative » a fermé des centaines de points de service en région et va continuer à le faire, comme les autres banques d’ailleurs, sans que les gouvernements fassent quelque chose de concret, mis à part les simagrées coutumières. Nos élus sont plus « courageux » à s’attaquer au monde et au travailleur ordinaire et à leurs services publics.
Comme le poète disait, il faut surtout pas manger la main qui te nourrit. Très philosophique comme pensée. Plusieurs élus proviennent et travaillent dans le domaine bancaire que ce soit Leitao, Coiteux, Ménard, Gignac, Bachand, Aussant, etc. Il y en a plus d’élus du merveilleux monde bancaire que du milieu communautaire.
Un comité fédéral convoque les banques
Juin 2017 : cette fois un sérieux comité de députés fédéraux convoque à leur tour les banques canadiennes à s’expliquer sur la pression qu’elles exercent sur leurs employés pour vendre des produits maison, même si les clients n’en ont pas besoin. Un autre simulacre de gouvernance qui ne changera absolument rien. Comme dans le cas des fermetures de succursales, des frais bancaires stratosphériques, des taux d’intérêt abyssaux sur les cartes de crédit qui s’apparentent à un vol, aucune loi ne sera votée et aucun règlement ne sera promulgué afin de mettre fin aux comportements abjects des banquiers qui « taxent » continuellement les consommateurs en toute impunité : « Chambre des communes. Un comité entend des témoignages sur les pratiques des banques » (Le Devoir, 8 juin 2017).
Bon ben, les banques ont effectivement paradé devant les communs des communes avec comme résultat probant : « Les grandes banques défendent leurs pratiques commerciales » (Le Devoir, 17 mars 2018). Allez, on passe au prochain et n’oubliez pas de prendre votre numéro.
Profits records annuels, mais toujours insuffisants, et notre cartel banquier canadien applique leurs pratiques commerciales « philanthropiques » : « Des banques (en fait toutes les banques) haussent (en chœur) leurs tarifs (frais bancaires) » et « Les grandes banques haussent leurs taux hypothécaires » (Le Journal de Montréal, 17 juin 2016 et Radio-Canada, 12 janvier 2018). Naturellement, les braves élus ne font rien pour empêcher ces augmentations injustifiées de frais bancaires et de taux d’intérêt, car les banquiers sont des amis qu’il ne faut pas irriter. Une bonne job attend certains élus après leur service et « sévices » politiques.
Les députés provinciaux accueillent les banquiers et les comptables pour parler évasion fiscale
Parle, parle, jase, jase, juin 2015, le gouvernement du Québec met en place « Une commission parlementaire (qui) va se pencher sur les paradis fiscaux » (Le Devoir, 11 juin 2015). Et octobre 2015 : « Paradis fiscaux : les députés (provinciaux) convoquent les banquiers ». Puis au mois d’avril 2016, un autre pétard mouillé : « Paradis fiscaux. Au tour des comptables de témoigner devant les élus » (Le Devoir, 29 octobre 2015 et 26 avril 2016). Résultat de cet autre « show » de boucane apte à tromper le monde, les banquiers et les comptables en ont fait encore plus dans les paradis fiscaux afin de permettre à l’élite de payer des milliards de dollars de moins en impôts sur le revenu, pour que la classe moyenne ait le « privilège » d’en payer davantage et pour que leurs élus « modernes » puissent ainsi mieux couper dans le maigre des programmes sociaux du monde ordinaire.
Les élus : des valises?
Le 22 novembre 2015, le titre d’un article du Journal de Montréal était le suivant : « Les banquiers ont-ils pris les élus pour des valises? » Ben non, les ex-banquiers libéraux devenus députés (Leitao, Ménard, Coiteux, Daoust, Gignac, etc.) savent très bien ce qui se passe, mais ils ne font rien. Ils sont plus actifs pour imposer des mesures d’austérité au peuple. Je vous le dis, les banquiers, les comptables et les élus c’est comme un club amical privé. Tu me grattes le dos, et je…
Au moins, il faut reconnaître aux banquiers et aux comptables leur sens de l’humour dans le genre de se moquer et de mépriser le monde. Ces gens puissants sont au-dessus des lois quand ce ne sont pas eux qui, dans les faits, les votent. Tiens, vous voulez rire? Alors, lisez le titre de ces deux articles de journaux : « Les banques affirment freiner l’évasion et l’évitement fiscaux » et « Paradis fiscaux. C’est pas de notre faute, disent les comptables » (Le Journal de Montréal, 18 novembre 2015 et Le Devoir, 13 mai 2016). Coudonc, ai-je une poignée dans le dos?
La solution passe par la Banque du Québec
L’économie de marché, avec ses lois naturelles, postule que grâce à la vive concurrence que se livrent les agents économiques, on aboutira en tout temps au juste prix et qu’il y aura forcément des gagnants et des perdants qui seront sortis du marché par les plus forts. C’est tout de même drôle, mais au Canada, il n’y a que des gagnants qui réalisent tous des profits records chaque année. Aucun perdant.
Comme il n’y a aucune véritable concurrence dans le domaine bancaire, comme dans ceux des secteurs pétroliers, pharmaceutiques, internet, informatiques, ferroviaires, etc., il faut que, dans une province et un pays dits démocratiques où les élus sont supposés privilégier les intérêts supérieurs de la majorité, et non de la minorité possédante, il faut donc que nos gouvernements interviennent afin de mettre fin à l’exploitation de la population.
Dans le domaine bancaire, il serait si facile de créer la Banque du Québec avec des succursales dans les magasins de la SAQ, les universités et les collèges, etc. afin de nous libérer du joug de ces profiteurs. Facile à faire pour quiconque a un minimum de courage afin de s’attaquer aux privilèges indus de certains. Comme ils n’ont pas ce courage, ils vont donc se défouler, comme toujours, sur le monde ordinaire et augmenter la TVQ, les tarifs sur les services publics, couper dans les programmes sociaux, etc.
Et pas fou aussi l’idée de Jean-François Lisée, chef du Parti québécois, de permettre à la Caisse de dépôt de recevoir nos épargnes. Et pourquoi pas, de pair avec Investissement Québec, ne se lancerait-elle pas dans le domaine bancaire au lieu de s’aventurer dans le transport public (REM), dans Bombardier, dans les sables bitumineux et les pipelines et même dans les paradis fiscaux? À quand la prochaine commission parlementaire mettant en vedette les banques : ça fait diversion et ça fait vendre des nouvelles qui n’en sont pas vraiment.