Québecor : l’heure était aux remerciements et au bilan pour le retour de PKP

2017-05-11
Dominique Beauchamp, Les Affaires

Pierre-Karl Péladeau s’offre un autoportrait entouré de l’honorable Brian Mulroney, du vice-président principal Marc Tremblay et du chef de la direction financière Jean-François Pruneau, avant l’assemblée annuelle, au siège social de la rue Saint-Jacques,

Pour les habitués de l’assemblée annuelle de Québecor, la dernière n’a offert aucune nouveauté même si elle marquait le retour officiel de Pierre Karl Péladeau, à la direction de la société qu’il contrôle.

Détendu et souriant, M. Péladeau assure que son retour à la tête de Québecor (QBR.B, 22 $) s’inscrit dans la continuité, après les trois ans de présidence confiées à Pierre Dion qui lui-même a poursuivi la stratégie de convergence et d’intégration verticale née dès l’acquisition de Vidéotron, il y a 15 ans.

« Le phénomène de la convergence, décrié par certains à son début, est devenu aujourd’hui la pierre angulaire de tous les grands groupes médias et télécoms », s’est targué M. Péladeau, pendant son allocution.

L’heure était surtout aux remerciements pour ses collaborateurs, l’ensemble des employés et l’administrateur de longue date Pierre Laurin qui quitte son poste.

M. Péladeau a pris plaisir à relever tous les bons coups des dernières années et même à rappeler l’héritage entrepreneurial et la culture avant-gardiste laissée par son père Pierre Péladeau.

Visiblement très heureux de retrouver la compagnie qu’il « aime profondément, l’ex-chef du Parti québécois s’est même offert le loisir de présenter au parterre d’actionnaires le cadet des sept enfants de Pierre Péladeau. Jean, 26 ans, est analyste principal aux affaires réglementaires chez Québecor.

Le grand patron n’a pas dévoilé son jeu, mais on sent qu’il mijote des projets. D’ailleurs, M. Dion aurait des mandats bien précis en mains en sa qualité de nouveau vice-président du conseil de Québecor Média.

M. Péladeau s’est contenté de dire "en temps et lieu" à deux reprises quand on lui a demandé si des projets d’expansion l’amèneraient à nouveau hors du Québec ou s’il était en mode acquisition, lors du bref point de presse tenu après l’assemblée annuelle.

« Le bilan des dernières années témoigne de l’efficacité de notre modèle d’affaires et de nos stratégies d’investissement », avait-il souligné aux actionnaires, pendant l’assemblée, sur un ton triomphant.

Il faut dire que M. Péladeau revient au moment où Québecor se porte bien et récolte l’appui de 15 analystes qui en assurent le suivi. Son action s’est appréciée de 22 % depuis un an, par rapport à 12 % pour l’indice S&P/TSX.

Au premier trimestre, la croissance des abonnés de tous ses services ont surpassé les attentes, à l’exception de la téléphonie pat câble. La hausse de 6 % du revenu mensuel moyen par abonné sans-fil a aussi rencontré les prévisions.

La société a d’ailleurs mis en relief l’amélioration de sa posture financière en relevant son dividende de 22 %, ce matin, portant ainsi à 120 % la hausse cumulative du dividende, depuis mai 2015.

Les analystes misent surtout sur le potentiel de réévaluation du titre lorsque Québecor vendra ses licences sans-fil hors Québec pour racheter le bloc résiduel de 18,9 % que détient encore la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Québecor Média.

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D’autres voient tout simplement un titre de croissance bon marché dans son industrie des télécommunications. Leur cours cible moyen de 45,90 $ laisse entrevoir un gain potentiel d’encore 11 % d’ici 12 mois.

La croissance annuelle prévue de 5 à 7 % du bénéfice d’exploitation est encore supérieure aux acteurs plus établis de son industrie.

La rémunération et la gouvernance s’invitent

L’assemblée annuelle n’a pas été qu’un exercice d’auto-félicitations. La gouvernance et la rémunération des dirigeants se sont invités aux procédures, bien que le représentant du Médac (Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires) ait souligné que Québecor est l’entreprise avec laquelle ses revendications connaissent le plus de progrès.

Willie Gagnon a tout de même révélé que la rémunération globale de 11,3M $ de Pierre Dion, l’ex-chef de la direction, représentait 163 fois le salaire moyen des employés de Québecor, bien que l’entreprise refuse de le divulguer. « Je vous invite à plus de retenue », a dit M. Gagnon.

Sa proposition pour que les actionnaires des actions de catégorie B à un droit de vote chacune puissent soumettre des candidats au conseil d’administration a été soumise au vote, mais a été rejetée.

Deux actionnaires de TVA déplorent leur traitement

Deux actionnaires de Groupe TVA(TVA.B, 3,52 $), l’ex- analyste et gestionnaire spécialisé en communications, Michel Perreault, de même que Charles Parent, de la Financière Banque Nationale, se sont présentés tour à tour au micro pour exprimer leur mécontentement envers l’indifférence de Québecor concernant le sort des actionnaires minoritaires de TVA.

Non seulement TVA est-elle sporadiquement rentable, mais l’émission d’actions à des cours déprimés et le rachat d’autres actions à fort prix depuis 2001, ont fait fondre sa valeur, ont déploré les deux financiers.

TVA a aussi réduit, puis éliminé son dividende, au fil des années.

En plus, Québecor reçoit des honoraires de gestion que M. Perreault juge abusifs.

Essentiellement, Québecor accroit son emprise sur TVA sans débourser un seul sous puisque TVA diminue le capital des actionnaires minoritaires en rachetant ses propres actions. Québecor Média détient 68,4 % des actions de TVA, mais 99,9 % des droits de vote.

« Est-ce qu’on est en droit de s’attendre à ce que vous preniez des mesures concrètes pour qu’on y trouve notre compte? », a demandé M. Perreault.

M. Péladeau, qui connaît les deux hommes, s’est contenté de dire que TVA est bien positionnée dans une industrie difficile et que Québecor n’a pas l’intention d’en fermer son capital pour l’instant.

M. Perreault a terminé son intervention en disant qu’il ne repartait pas plus confiant en l’avenir de TVA.

L’action de TVA a tout même gagné 3,2 % aujourd’hui.

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