Les salaires feront de nouveau réagir
9 mai 2017
Julien Arsenault, La Presse canadienne
La Caisse de dépôt n’est pas seule. La rémunération des patrons de Bombardier, à l’origine d’une vive controverse il y a un peu plus d’un mois, pourrait revenir au coeur des discussions dans le cadre de l’assemblée annuelle de la multinationale, jeudi.
Déjà, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), par l’entremise de son président, Daniel Thouin, compte interpeller la haute direction du constructeur d’avions et de trains sur la question de la rémunération. « Le sujet est plus sensible qu’à l’habitude, a expliqué son coordonnateur, Willie Gagnon, au cours d’un entretien téléphonique. Comme l’an dernier, nous allons voter contre l’approche de la société en matière de rémunération. »
Sans dévoiler de données précises, M. Gagnon affirme que cette controverse a fait en sorte que le MÉDAC a reçu « deux fois plus de procurations d’actionnaires » qu’à l’habitude. L’an dernier, la résolution consultative non contraignante sur l’approche de l’entreprise en matière de rémunération des membres de la haute direction avait été appuyée dans une proportion de 96,1 % par les actionnaires. « On souhaite qu’il y ait un plus fort taux d’opposition, a expliqué M. Gagnon. On ne comprend pas pourquoi il n’y en a pas eu avant. Cette politique avait reçu le feu vert l’an dernier. C’est ce qui est à l’origine du scandale. »
Choc en vue?
La politique de rémunération de Bombardier ne fait pas l’unanimité. Si la firme de conseils aux actionnaires Glass Lewis recommande à ses clients de s’opposer à l’approche de l’entreprise, la firme Institutional Shareholder Services (ISS) adopte une position contraire. Dans ses reproches, Glass Lewis affirme ainsi que l’entreprise ne décrit pas clairement les objectifs à atteindre à court et à long terme pour ses hauts dirigeants. Pour sa part, ISS, même si elle estime que les augmentations de salaire sont importantes, concède que la performance de Bombardier s’est améliorée à plusieurs chapitres, ce qui incite la firme à recommander à ses clients de voter pour la politique de rémunération.
Par ailleurs, il n’y a pas que les actionnaires qui risquent de vouloir ramener la question des salaires au coeur des discussions. Trois organisations syndicales ainsi que Québec solidaire planifient un « comité d’accueil » pour les actionnaires de Bombardier à Dorval avant le début de l’assemblée annuelle.
« Il y avait eu des manifestations citoyennes pour dénoncer les hausses de salaires chez Bombardier, et c’est dans ce contexte que nous voulons emboîter le pas », a expliqué la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain — une des organisations syndicales impliquées —, Dominique Daigneault. Celle-ci affirme que la démarche vise à inciter les actionnaires de la compagnie à questionner de nouveau les dirigeants sur la politique de rémunération.
Bombardier profitera également de son assemblée annuelle pour dévoiler ses résultats du premier trimestre. Les analystes sondés par Thomson Reuters s’attendent à une perte ajustée par action de 1 ¢ US et sur des revenus de 3,84 milliards.