Jusqu’où peuvent monter les actions des banques canadiennes?

3 juin 2016
Jean Gagnon, LesAffaires.com

Les résultats trimestriels des banques canadiennes semblent satisfaire les investisseurs à un moment où leurs titres connaissent une belle remontée. Faut-il croire que de nouveaux sommets pointent à l’horizon pour ce secteur très prisé des investisseurs canadiens?

Selon les analystes techniques Ron Meisels et Monica Rizk de la firme de gestion Phases & Cycles, les titres bancaires canadiens ont réalisé un « breakout » technique. Qu’est-ce que cela signifie?

Depuis les sommets atteints en 2014, les actions des six principales banques canadiennes étaient toutes dans une tendance à la baisse. À chaque tentative de reprise, le haut qu’elles atteignaient était toujours inférieur au haut précédent. En traçant une ligne reliant ces hauts, la tendance à la baisse apparaissait clairement. Mais les cours des actions sont maintenant passés nettement au-dessus de cette ligne de tendance baissière, ce qui constitue le « breakout » technique.

Les résultats trimestriels divulgués depuis la semaine dernière ont généralement satisfait les attentes des investisseurs quant à la profitabilité de leurs opérations, note Stéphane Rochon, directeur de la recherche chez BMO Nesbitt Burns. « Ce que l’on craignait, c’était une hausse sensible des provisions pour pertes, mais si le prix du pétrole se maintient au niveau actuel, les pertes seront limitées », dit-il.

En effet, la baisse du cours des titres bancaires a été exacerbée par la chute du prix du pétrole jusqu’à 26 $ à la mi-février. Celle-ci laissait craindre un fort ralentissement dans le secteur pétrolier qui risquait de s’étendre à l’ensemble de l’économie canadienne, ce qui allait affecter sensiblement la qualité du crédit consenti par les banques canadiennes. Mais depuis, le prix du pétrole a rebondi jusqu’à 50 $, et les actions des banques canadiennes ont emboîté le pas.

Cependant, le « breakout » actuel pourrait ne pas avoir l’effet escompté, craint Larry Berman, président, ETF Capital Management, une firme de gestion de portefeuilles de Toronto. Il existe présentement un risque de marché à l’échelle mondiale, et les titres des banques canadiennes risquent fort de baisser en sympathie avec le reste du marché, selon lui. « Je ne vais pas courir après les banques alors que leurs prix sont de plus en plus élevés », dit-il. Il croit que les cours des actions des banques pourraient se retrouver 5 à 10 % plus bas d’ici 6 à 12 mois. ETF Capital Management se veut une firme de gestion tactique, c’est-à-dire qu’elle passe d’un secteur à l’autre selon les perspectives du moment.

Même si le « breakout » s’avère réel et qu’une tendance haussière s’installe vraiment, il ne faut toutefois pas s’attendre à des hausses spectaculaires des actions des banques, croit pour sa part Marc L’Écuyer, gestionnaire de portefeuilles chez Cote 100. « Ce sera difficile pour les banques canadiennes de connaître une forte croissance », dit-il. « Parce que les Canadiens sont déjà relativement endettés, le potentiel de croissance des prêts s’en trouve limité », explique-t-il.

Les banques ont présenté des résultats satisfaisants principalement grâce à un bon contrôle des coûts, estime M. L’Écuyer. Plusieurs d’entre elles effectuent des coupures de personnel importantes. « Cela pourra encore se poursuivre pendant un an ou deux, mais ensuite ce sera plus difficile », dit-il. Les banques demeureront de bons titres versant de bons dividendes, mais le rendement total ne sera pas pour autant mirobolant, croit le gestionnaire.

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