Leur ont-ils fait encore confiance?

2016-10-06
Normand Caron

Dans le patrimoine financier total des ménages du Québec (qui, rappelons-le, avait franchi en décembre 2015 le cap des mille milliards de dollars), figure une catégorie importante d’actifs (à plus long terme que les dépôts bancaires) qu’on désigne généralement sous les vocables de « fonds mutuels », fonds communs de placement ou fonds d’investissement. Selon les récentes données compilées et analysées par le capitalien, deux ménages sur trois au Québec y avaient investi une partie de leurs épargnes. Quelles sont les sommes accumulées dans ces fonds? Quels types de placement ont été privilégiés? Quelles performances ont été observées? Le présent carnet tente d’y jeter un peu de lumière.

Débutons par la présentation générale de la valeur et de l’évolution 2010-2015 des actifs détenus par les investisseurs québécois dans ces fonds, d’abord globalement, ensuite par ménage et finalement par habitant :

2010 2015 Variation en $ Variation en %
Par ménage 33 153 52 906 19 753 59,6 %
Par habitant 14 250 22 883 8 632 61,0 %
Actifs totaux détenus (… en milliards $) 113,0 189,1 76,1 67 %

Tirons de ce tableau quatre constats :

  • Les ménages québécois détenaient dans ces fonds, des actifs évalués à plus de 189 milliards $ au 31 décembre 2015, soit 76 milliards de plus qu’en décembre 2010, pour une croissance de 67 % en cinq ans.
  • Chacun des 8 263 600 habitants du Québec, tout âge et sexe confondu, détenait en décembre 2015 un actif moyen de 22 883 $ dans ce type de fonds, une croissance de 61 % depuis 2010. Pour les 3 574 246 ménages, la hausse est approximativement la même que sur la base du per capita, soit 60 %.
  • Les épargnants québécois sont donc moins frileux qu’on le disait dans les derniers carnets. Au cours des cinq dernières années, après avoir entreposé 37 milliards de $ de plus dans les dépôts bancaires, ils n’ont pas hésité à injecter deux fois plus de milliards dans leurs fonds communs de placement.
  • Je répète ce que j’ai déjà conclu sur les dépôts bancaires, à savoir que « cela représente un effort d’épargne d’autant plus colossal que l’inflation a connu un taux moyen de 1,7 % par année et que le revenu personnel disponible n’a grimpé que de 12 % au cours de cette période ». Je pourrais rajouter aujourd’hui une autre donnée économique importante : l’indice de la Bourse canadienne, le S&P/TSX composé, n’a progressé que de 2,3 % au cours de cette même période*.

Passons au tableau suivant qui présente les diverses catégories de fonds communs de placement choisies par les investisseurs québécois et les variations observées au cours de la période 2010-2015.

Ventilation des catégories de fonds et leur évolution 2010-2015

… en milliards $ 2010 2015 Variation en $ Variation en %
Fonds d’actions 48,3 65,6 17,3 36 %
Fonds équilibrés 34,6 63,6 29,0 84 %
Fonds obligataires 21,1 41,7 20,6 98 %
Fonds monétaires 9,0 18,2 9,2 102 %
Actifs totaux détenus 113,0 189,1 76,1 67 %

Commentons brièvement :

  • Des 76 milliards additionnels qu’ont épargnés et investis les québécois dans les parts de fonds communs de placement, la grande majorité ont été dirigés vers des fonds à revenu fixe, comme les fonds obligataires (+98 %), les fonds monétaires (+102 %) et les fonds équilibrés (+ 84 %), ces derniers comportant tout de même une proportion importante d’obligations. Ces investisseurs ont donc opté pour des fonds à faibles rendements certes, mais moins vulnérables aux fluctuations des marchés boursiers.
  • Par ailleurs, ceux qui ont choisi les fonds d’actions ont vu leurs actifs sous gestion grimper de 36 % par des investissements additionnels de 17,3 milliards de $, ce qui tout de même considérable, vu le faible taux de croissance des marchés boursiers canadiens.

Le prochain carnet posera une fois encore la question qui tue : tous ces gens investis dans les fonds communs de placement en ont-ils pour leur argent? Il jettera un éclairage sur la performance des gestionnaires de ces milliards d’actifs sous gestion. Les trouvailles du capitalien réservent quelques surprises à ses lecteurs…


* Par exemple, on peut lire dans la circulaire de la direction de Cascades que « le rendement annuel composé de l’action de Cascades pour les cinq dernières années se chiffre donc à 16,9 % comparativement à 2,3 % pour l’indice composé S&P/TSX. Ainsi, un montant de 100 $ investi dans les actions de la Société effectué le 31 décembre 2010 se serait chiffré à 218,32 $ au 31 décembre 2015. Le même montant se serait chiffré à 112,06 $ pour l’indice de référence durant la même période. »

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