L’État doit lui aussi intervenir, avec des lois contraignantes

Montréal, le 25 avril 2018 — Sur le plancher des assemblées des actionnaires et dans les coulisses du pouvoir, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) fait pression depuis des années pour que les entreprises comprennent les bénéfices de mieux rémunérer le travail.

Fort de son expérience et dans la foulée d’un texte publié dans Le Devoir par le directeur de la division « engagement (sic) des actionnaires » de l’Association des actionnaires [institutionnels] pour la recherche et l’éducation, Kevin Thomas, le MÉDAC tient à préciser que le dialogue sur le plancher des assemblées et derrière les portes clauses des officines des entreprises, même s’il est coalisé, ne sera cependant pas suffisant pour que le labeur fourni soit valorisé, ainsi que pour éliminer les écarts excessifs de rémunérations et les conditions de travail indécentes.

L’intervention de l’État avec des lois contraignantes, même au-delà d’une simple hausse du salaire minimum potentiellement inflationniste, sera nécessaire pour convaincre les entreprises les plus récalcitrantes d’améliorer le sort des travailleurs et des travailleuses. Il est généralement admis que le ratio qui existe entre le salaire minimum et le salaire moyen (ou médian) est une mesure importante permettant notamment de comparer les États entre eux (voir la fiche technique de l’IRÉC ?). Plusieurs s’entendent également pour dire qu’au-delà d’un certain ratio, les effets sont négatifs sur l’emploi au Québec, dont Pierre Fortin dans une étude et un billet.

Ceci dit, le MÉDAC rejoint l’auteur sur le point que des rémunérations plus appropriées pour les travailleurs et les travailleuses du bas de l’échelle, voire moins inéquitables par rapport à celles des dirigeants, des possibilités de formations, des promotions véritables, ainsi que des horaires flexibles et prévisibles, peuvent se traduire par un meilleur taux de rétention, par l’augmentation de la consommation, par de meilleurs résultats commerciaux, de même que par des meilleurs rendements financiers pour les actionnaires.

Les menaces lancées par des entreprises de devoir refiler la facture aux consommateurs, réduire le nombre d’emplois, voire les mises à exécution de coupures dans les avantages sociaux des employés, en cas de hausse du salaire minimum, sont des tactiques bien connues qui ne devrait plus duper personne.

Selon l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), la croissance de la masse salariale dans chaque région du Québec liée à une hausse du salaire minium à 15 dollars de l’heure génèrerait des retombées économiques d’environ 2,2 à 3,4 milliards de dollars au Québec, c’est-à-dire des « retombées positives 9 à 11 fois supérieures à l’effet des pertes d’emplois appréhendées ».

La fiche socioéconomique de l’IRIS ajoute que les revenus disponibles et le pouvoir d’achat de certains ménages pourraient grimper d’entre 2780 et 4215 dollars et que ce sont des travailleuses qui bénéficieraient le plus de la hausse du salaire minimum.

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