Des actions cotées en cents manipulables
Montréal, le 25 novembre 2016 — Des loups de la finance et des proches de la mafia peuvent rôder dans le milieu des actions cotées en cents, rappelle une enquête conjointe des émissions de télévision Enquête et Fifth Estate.
Un article publié par Radio-Canada le 24 novembre rapporte que deux montréalais, Dan Ryan et Carol McKeown, sont poursuivis par l’Autorité des marchés du Québec (AMF) « pour avoir manipulé le marché des petites actions ». L’AMF aurait procédé en 2010 au gel de leurs avoirs et de leurs comptes bancaires.
Gaétan Pouliot et Catherine Varga affirment avec raison dans ce article que « le marché des actions cotées en cents est hautement spéculatif », que « ses activités se déroulent hors bourse et n’exigent pas de rapports financiers ni de prospectus » et que « les investisseurs s’y aventurent à leurs risques et périls ».
De plus, « le fait d’être moins encadré par les autorités rend ce marché plus propice aux stratagèmes frauduleux », écrivent les deux journalistes.
Les « dangers » incluent celui « d’être victime de manipulateurs qui vont vendre des actions pour leurs propres profits ».
Un stratagème en ce sens serait de « faire croire que le titre vaut plus que ce qu’il vaut réellement ».
Pour y parvenir, une « fausse demande » pourrait être créée par l’intermédiaire d’un groupe d’individus qui « va beaucoup en acheter », de manière à faire monter la cote du titre, puis qui va vendre ses parts et toucher un magot avant que les investisseurs ordinaires ne s’en rendent compte, selon un expert en conformité financière qui a été interviewé pour l’enquête.
Comme dans le cas potentiel de Dan Ryan et Carol McKeown, des sites web, à l’apparence légitime, de promotion du marché des actions cotées en cents pourraient servir de point de départ pour ces stratagèmes, qui auraient aussi tendance à bénéficier des crises boursières et des mauvais contextes économiques.
Les autorités américaines auraient aussi été impliquées dans les enquêtes sur les activités et dans le gel des fonds du couple, qui prétend par ailleurs avoir été menacé pour des raisons de concurrence par Tony Papa, qui serait connu pour avoir des liens avec des membres de la mafia montréalaise. Le procès de Ryan et McKeown doit avoir lieu en février 2018.
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