La mission des organisations au banc des accusés
2014-11-03
Dominique Lemoine
L’ampleur de la rémunération globale des chefs de la direction et des cadres supérieurs serait le résultat de la définition de la raison d'être et de la mission des organisations, ainsi que de leurs responsabilités par rapport aux parties prenantes.
Un article publié par The Atlantic soutient que la rémunération des dirigeants serait moins élevée, si leurs incitatifs à la performance étaient basés sur la maximisation des intérêts de l’ensemble des parties prenantes d’une organisation, incluant ses clients et la communauté dans laquelle elle évolue.
Selon les chercheurs Susan Holmberg et Mark Schmitt, l’ampleur actuelle de la rémunération globale des chefs de la direction et de leurs cadres supérieurs n’est d’ailleurs possible que si la mission des organisations ne tient pas compte de trois conséquences de cette ampleur.
« Le plus grand coût est probablement le comportement risqué qu’une rémunération très élevée encourage auprès des chefs de la direction, surtout quand la rémunération est liée à la performance financière à court terme », soutiennent les chercheurs Holmberg et Schmitt.
Ainsi, plutôt qu’inciter la performance financière à court terme, une mission redéfinie des organisations permettrait, à leur avis, de redistribuer ces montants de rémunération aux actionnaires et/ou aux travailleurs, ou de les réinvestir dans l’avenir de l’organisation, des opportunités qui seraient actuellement non saisies.
Selon des données de l’Economic Policy Institute, qui sont rapportées par Holmberg et Schmitt, la rémunération des chefs de la direction des firmes américaines aurait grimpé de 937 % (en dollars constants) entre 1978 et 2013, tandis que la rémunération des travailleurs aurait progressé de 10,2 %.
De plus, selon ces chercheurs, la rémunération des chefs de la direction jouerait un rôle « majeur » dans la tendance générale vers une « inégalité radicale » qui favoriserait l’instabilité financière.