Récession : priorités différentes pour le FMI et l’ONU

14 octobre 2022
Dominique Lemoine

L’ONU et le FMI anticipent tous les deux une détérioration de l’économie de la planète. Cependant, l’ONU priorise le soutien aux ménages et aux entreprises vulnérables et met en garde contre des effets néfastes sur l’économie des hausses de taux d’intérêt pour gérer l’inflation. Tandis que le FMI de son côté insiste pour que les soutiens aux gens ne soient que temporaires, soi-disant car ils alimentent l’inflation et nuisent à sa gestion par les banques centrales.

Hier, le commissaire aux affaires économiques du Fonds monétaire international (FMI) pour l’Union européenne, Paolo Gentiloni, a déclaré dans le cadre de rencontres à Washington que le soutien des États aux ménages et entreprises est « nécessaire », mais qu’il « doit être temporaire et ciblé pour éviter de nourrir l’inflation que les banques centrales essaient de combattre », blâmant ainsi les États interventionnistes pour l’inflation.

Selon Gentiloni, les États ne peuvent pas donner l’impression à leurs citoyens qu’ils peuvent aider fiscalement chaque activité économique perturbée comme durant les confinements pandémiques.

Plus tôt en octobre, la directrice bulgare du FMI, Kristalina Georgieva, a laissé entendre que les États devraient plutôt subordonner et uniformiser leurs politiques fiscales et budgétaires aux politiques monétaires des banques centrales.

De son côté, l’Organisation des Nations unies (ONU) juge, dans un rapport récent de la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) dont la secrétaire générale est Rebeca Grynspan, que de poursuivre au rythme actuel la hausse des taux d’intérêt pour juguler l’inflation dans les pays riches fragilise les économies émergentes et augmente les risques de récession mondiale. Le rapport « souligne la nécessité d'un soutien accru aux groupes vulnérables, notamment les travailleurs à bas salaires et les ménages en détresse financière ».

Bref, selon la vision du monde du FMI, qui se réclame néanmoins de la défense des plus faibles, les ménages et les entreprises dans le besoin et les États qui leur fournissent des liquidités à la place des prêteurs et usuriers bancaires sont davantage responsables de l’inflation que la hausse avide des prix par soif insatiable de profits avec peu d’égards pour les parties concernées.

Le FMI a historiquement été la cible de critiques et reproches d’être un instrument de soumission de pays du tiers monde, de frein au développement de pays non alignés sur les politiques qu’il prône, ainsi que d’uniformisation commerciale, économique et politique.

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