De vieilles gardes font obstacle au progrès

21 janvier 2021
Dominique Lemoine

Des conseils d’administration constituent le maillon faible de l’adoption de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance pour guider les décisions des entreprises.

Selon un texte de Tensie Whelan publié par Harvard Business Review, qui rapporte un sondage produit par PWC, la plupart des conseils d’administration (CA) sont à la traîne des propriétaires d’actifs, des gestionnaires d’actifs et même de certaines hautes directions en matière de prise en compte des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les décisions des entreprises.

D’après le sondage effectué par PWC auprès d’administrateurs, seulement 38 % des répondants considèrent que les enjeux ESG, tels que le changement climatique, la pollution, la rareté de l’eau, la corruption, les luttes sociales et le bien-être des travailleurs, « ont un impact financier sur une entreprise ».

Un manque d’expertise des administrateurs au sujet des enjeux ESG expliquerait ce résultat, ainsi qu’une tendance à ne pas « reconnaître la nécessité de porter attention aux enjeux de durabilité ».

Selon une étude des compétences en 2019 de 1188 administrateurs d’entreprises du classement Fortune 100 par le NYU Stern Center for Sustainable Business, seulement 29 % des administrateurs avaient un expertise en matière d’enjeux ESG.

Trop tard pour changer?

« La plupart des entreprises ont une prépondérance d’anciens chefs de direction au CA. Ces chefs de direction dirigeaient il y a 10-20 ans, alors que les enjeux ESG n’avaient pas encore été identifiés comme étant financièrement significatifs », selon Whelan.

À son avis, les remèdes incluraient de recruter de nouveaux membres qui ont de l’expérience en ces matières, de même qu’une compréhension des risques et des opportunités associés.

Ernst & Young recommande aussi le renouvellement et la formation continue des membres des CA, afin que ceux qui restent puissent suivre le rythme des développements environnementaux et sociaux externes, ainsi que remettre en cause les statu quo internes.

Rôles et parties intéressées à prendre au sérieux

En 2021, selon Deloitte, les membres des CA et des comités de rémunération devront être notamment capables de superviser le développement et l’application de mesures permettant d’aligner la rémunération des directions sur la réussite de cibles et d’objectifs ESG.

Selon Willis Towers Watson, « il y a un effort significatif par des investisseurs et autres parties intéressées pour que les entreprises portent attention de manière plus significative à leur impact sur l’environnement et à comment elles gèrent leur capital humain ».

Selon l’agence de notation Fitch, « des considérations de durabilité sont de plus en plus intégrées aux politiques, aux cadres de gouvernance, ainsi qu’aux décisions de prêt et de placement des institutions financières », affectant ainsi les conditions de financements.

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