Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme
12 avril 2019
Dominique Lemoine
Koho, une entreprise appuyée par Power Corporation et Portag3, propose un outil qui doit permettre aux consommateurs de savoir combien d’argent ils paient chaque année en frais bancaires.
Les consommateurs « ont droit à la transparence dans leurs interactions avec leur compte de banque », et « les gens qui vivent à la petite semaine paient des frais très élevés par rapport à leurs moyens », affirme Paul Desmarais troisième, président de la direction de Portag3, par voie de communiqué.
Portag3 Ventures est une société de financement d’entreprises dont le premier actionnaire est Power Financial Corporation, et dont Paul Desmarais III est administrateur. Koho est « appuyée par Power Corporation et Portag3 », mentionne le communiqué.
« Restaurer l’équilibre financier dans la vie commence avec l’accès à l’information », soutient Koho. Et l’information s’obtient, selon les instructions de Koho, en permettant à son outil de pénétrer dans votre compte bancaire actuel, pour en parcourir les relevés et en découvrir les « frais cachés ».
Power Corporation sincèrement préoccupée par les gens au budget serré?
Koho est présentée comme étant une entreprise émergente en technologie financière et en services bancaires « ouverts » (open banking en langue anglaise), qui « offre aux Canadiens une alternative à leur expérience bancaire traditionnelle », avec un compte bancaire « gratuit » pour les dépenses quotidiennes.
Il existe d’autres exemples de marques à l’allure branchée, verdie ou blanchie, qui dissimulent les traces de la minorité possédante des vieilles industries. Par exemple, Vidéotron se camoufle derrière l’entreprise de forfaits de mobilité et d’internet Fizz, l’entourage de Gaz Métro se cache derrière Énergir, même SNC-Lavalin se prépare à se métamorphoser en quelque chose qui passe mieux.
« Il a été prévu quelque chose pour chacun afin que nul ne puisse échapper », et que chacun choisisse « les catégories de produits de masse fabriqués pour son type », afin de « maintenir chez le public l’illusion de la concurrence entre les firmes et du choix », et ce, bien que « les produits différenciés automatiquement sont finalement toujours les mêmes », disaient Adorno et Horkheimer dans Kulturindustrie, au sujet de la « classification » et de « l’organisation » des consommateurs.
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