L’investissement dit responsable progresse, en apparence

25 octobre 2018
Dominique Lemoine

La valeur de l’investissement responsable atteindrait désormais deux milles milliards de dollars au Canada, mais certains fonds dits verts ou responsables contiennent encore des pétrolières.

L’Association pour l’investissement responsable (AIR) affirme que la valeur des actifs et des investissements qui découlent de décisions d’investissement qui tenaient compte de critères environnementaux, sociaux et de gouvernement d’entreprises (ESG) a grimpé de 41,6 % entre la fin de 2015 et la fin de 2017.

Selon l’AIR, l’investissement dit responsable représentait, à la fin de 2017, « 50,6 % de l’ensemble des actifs sous gestion canadiens », en hausse par rapport à 37,8 % à la fin de 2015.

L’AIR se décrit comme étant une association qui représente l’industrie de l’investissement responsable du Canada. On trouve parmi ses membres Desjardins, NEI, Bâtirente et des banques.

Ses membres incluent donc des sociétés de fonds, des institutions financières, des sociétés de gestion d’actifs, des conseillers, des consultants, de sociétés de recherche en investissements, des propriétaires d’actifs et des investisseurs individuels.

Des produits de placement verts pâles

Cependant, tous les produits de placement qui sont présentés aux épargnants comme étant verts par des institutions financières membres de l’AIR ne le sont pas nécessairement à 100 % de la satisfaction des clients.

Par exemple, selon un reportage de La Facture qui a été diffusé en octobre 2018, sept des treize produits de placement nommés SociéTerre qui sont commercialisés par Desjardins, et qui sont présentés comme relevant de l’investissement responsable, peuvent encore contenir des investissements dans le secteur pétrolier.

Le reportage de La Facture raconte l’expérience d’une cliente engagée qui a été choquée de découvrir que son fonds de placement Desjardins nommé SociéTerre contenait des investissements dans des entreprises pétrolières et gazières comme AltaGas, Enbridge et China Petroleum & Chemical.

Dans ses calculs pour l’année 2017, l’AIR reconnaît dans son rapport avoir comptabilisé 11,8 milliards de dollars en actifs sous gestion issus d’un « filtrage positif ».

Ce dernier permet à ses membres de « choisir d’inclure une société pétrolière faisant preuve de leadership en matière de développement durable dans son secteur, malgré la réputation globale ou le bilan environnemental du secteur au sens large », tout en présentant leurs produits comme étant responsables pour leur donner plus de valeur aux yeux des épargnants.

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