L’ancien PDG Robert Dutton livre sa version des faits

14 septembre 2018
Dominique Lemoine

La Caisse de dépôt et placement du Québec avait choisi un conseil d’administration dominé par des Ontariens dont le seul plan était de vendre l’entreprise, soutient Robert Dutton.

Le président et chef de la direction de Rona pendant vingt ans, jusqu’en 2012, ainsi qu’actuel professeur associé à HEC Montréal, Robert Dutton, a fait cette déclaration jeudi, jour de débat des chefs, pendant une entrevue accordée au 98,5 FM dans le contexte de la publication de sa biographie intitulée Mise à niveau.

Robert Dutton a affirmé avoir été injustement accusé d’incompétence et avoir été poussé à démissionner par Michael Sabia, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), lors d’une rencontre, ainsi qu’avoir été suivi pour monter un dossier d'informations sur sa vie personnelle qui auraient pu servir à détruire sa réputation et avoir reçu des lettres d’intimidation pendant quatre ans.

Selon lui, la volonté de la CDPQ de remplacer le président de Rona et de modifier la composition de son conseil d’administration de manière à pouvoir entrer dans un processus de vente de Rona avait reçu l’appui du gouvernement libéral du Québec. De plus, toujours selon Dutton, son opposition à la vente de Rona en tant qu’« écosystème de fournisseurs locaux créateur de richesse » était connue.

Ce dernier a ajouté que Michael Sabia n’a jamais voulu regarder son plan pour sortir Rona d’une mauvaise période qui affectait alors toute l’industrie des matériaux et de la rénovation.

« Le nouveau conseil d’administration, choisi par la Caisse, dominé par les Ontariens, eux le seul plan qu’ils avaient était de vendre l’entreprise […] tout était fait [financièrement] pour encourager les gens [dirigeants et certains membres du conseil] à vendre », a-t-il dit.

« La Caisse a deux rôles : le rendement et le développement économique. Elle doit être patiente avec les entrepreneurs », ainsi que ne pas « essayer d’aller gérer leur entreprise », a reproché Robert Dutton, après avoir rappelé que les actions de la CDPQ dans Rona étaient passées avec le temps d’environ 6,75 dollars par action à environ 50 dollars par action.

Par communiqué, la CDPQ s’est ensuite défendue en affirmant que « le récit relaté dans le livre de Robert Dutton ne correspond pas aux événements et aux faits tels que vécus par la Caisse et ses représentants au fil des ans », que les événements tels que décrits par Robert Dutton « n’ont pas été corroborés par des tierces parties » et que « la performance de Rona avait décliné de façon importante par rapport à son marché ».

Étant donné le synchronisme de la publication de son livre pendant la campagne électorale, Robert Dutton a été invité à donner son opinion au sujet des forces en présence.

Il a affirmé que les actions du PLQ ont contribué à laisser partir des sièges sociaux, qu'il espère que Christian Dubé de la CAQ a davantage été influencé par son passage chez Cascades que par son passage à la Caisse de dépôt et placement du Québec, qu'il apprécie la contribution de QS en matière d'environnement et qu'il avait apprécié la pertinence de recommandations du rapport  du Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises présidé par Claude Séguin, mis sur pied en 2013 par Nicolas Marceau du PQ, contre les offres d’achat hostiles, notamment.

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