Des effets positifs sur les performances économiques
30 août 2018
Dominique Lemoine
Les petits actionnaires qui s’abstiennent de voter quand l’occasion se présente contribuent à des résultats de vote conforment aux préférences des plus gros actionnaires et pas nécessairement conforment aux préférences de la majorité.
Dans un article* ➚ au sujet des bénéfices pour les actionnaires et les entreprises de l’activisme actionnarial dans le contexte des assemblées générales, la professeure-chercheuse en finance et économie Patricia Charléty rappelle que « pour beaucoup d’actionnaires, voter en assemblée générale est le seul moyen utilisé (en dehors de la vente du titre) pour exprimer leur accord ou désaccord avec la stratégie de l’entreprise ».
Par contre, à son avis, quand les actionnaires réussissent à parler d’une seule voix, grâce à leurs droits de proposition et de vote, ainsi qu’au dialogue avant les assemblées avec les administrateurs et les dirigeants, ils peuvent par exemple réussir à influencer des décisions relatives à des cessions significatives d’actifs, à la transparence, à la divulgation d’informations même quand elle n’est pas exigée par la loi, à la rémunération des dirigeants, voire même à envoyer un signal sur les marchés menant à un impact boursier positif d’au moins 0,6 à 1,8 %.
Pour y parvenir, les petits actionnaires auraient cependant besoin de l’appui des actionnaires institutionnels, qui en plus d’avoir davantage tendance à voter [en Europe] et de ne pas toujours partager la vision des actionnaires de contrôle, représentent désormais plus de 70 % des l’actionnariat aux États-Unis, comparativement à environ 6 % en 1950.
Les effets positifs à long terme des propositions et du vote des actionnaires sur le rendement de l’entreprise et sur la majorité de ses parties prenantes (par exemple les salariés, syndicats, fonds de pension et fonds socialement responsables) seraient même perceptibles quand les votes sont consultatifs comme aux États-Unis, plutôt que contraignants comme en Europe, quand des votes consultatifs assez forts contraignent le conseil d’administration au changement.
« Même si certaines résolutions peuvent en partie répondre à des préoccupations spécifiques, le bénéfice partagé par l’ensemble des actionnaires semble supérieur au coût éventuellement lié à la poursuite d’intérêts privés », par exemple ceux des plus gros actionnaires, conclut la professeure-chercheuse, au sujet de la création de valeur par l’engagement actionnarial.
* L’activisme actionnarial dans l’assemblée générale : quels bénéfices pour les actionnaires et les entreprises?, Revue d’économie financière, 2018/2 (N° 130)
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