Actionnaires et employés exigent plus de responsabilité sociale

25 mai 2018
Dominique Lemoine

Des actionnaires et des employés de la maison mère de Google, Alphabet, revendiquent que la rémunération des hauts dirigeants soit dorénavant liée à l’atteinte d’objectifs de diversité.

Gizmodo rapporte qu’un groupe d’actionnaires et d’employés de Google se sont regroupés pour appuyer une proposition d’actionnaire qui lierait la rémunération des dirigeants à la capacité de l’entreprise d’atteindre des objectifs de diversité.

Au cours des derniers mois, des employés auraient dénoncé des « conditions de travail toxiques », du « harcèlement » contre ceux qui appuient des initiatives de diversité, ainsi que des mises à pied d’employés qui militent pour plus de diversité.

Alphabet justifierait son opposition à la proposition notamment par le commode « meilleur intérêt de l’entreprise et de ses actionnaires », ainsi qu’en pointant du doigt des « plaintes de quelques employés mécontents ».

Épreuve de force

Une épreuve de force entre la base et le sommet de Google est donc attendue à l’occasion de son assemblée annuelle des actionnaires le 6 juin.

La firme-conseil Institutional Shareholder Services (ISS) aurait recommandé aux actionnaires (incluant des caisses de retraite et des investisseurs institutionnels) de voter en faveur de la proposition préparée par la firme d’investissement Zevin Asset Management.

Gizmodo fait remarquer que des employés qui prendront la parole à l’assemblée annuelle des actionnaires représente une escalade des moyens qui peuvent être pris en matière de militantisme des employés, par rapport à des moyens précédents qui incluaient des rencontres discrètes avec la direction et des pétitions internes.

De plus, un groupe d’actionnaires demanderait à Google de mener une étude au sujet de son écart salarial entre les hommes et les femmes, ainsi que d’évaluer ses risques liés à l’iniquité salariale.

Pouvoir populaire

Rappelons que des employés de Google et des scientifiques se sont aussi récemment opposés à la participation de Google à un programme du Pentagone nommé Maven, qui vise l’application de technologies d’intelligence artificielle à l’analyse d’images prises par des drones pour le Département de la « défense ».

Au Canada, selon l’association SHARE, la saison actuelle des assemblées annuelles a permis à des actionnaires d’obtenir plus d’engagements de la part de certaines entreprises, notamment chez SNC-Lavalin et Encana, en matière de transparence et de divulgations concernant leurs activités de lobbyisme, qui peuvent représenter des risques pour la réputation de l’entreprise.

De plus, de passage à Montréal pour l’événement C2 Montréal, la lanceuse d’alerte et ex-analyste militaire Chelsea Manning a déclaré lors de son intervention que « tout ce que l’on fait chaque jour a un impact politique », que « même rien faire a un impact » et aussi que « parfois utiliser sa position sociale pour s’engager dans une forme d’action plus directe est très important ».

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