Ne pas voir plus loin que le bout de son nez

16 mai 2018
Dominique Lemoine

Les entreprises qui sont inscrites à l’indice boursier français CAC 40 n’auraient retourné que 5,3 % de leurs profits à leurs salariés depuis 2009, en dépit du fait que c’est la croissance de leurs dépenses à eux qui fait croître l’économie.

De plus, selon un rapport d’Oxfam au sujet du partage des richesses au sein des plus grandes entreprises françaises dans un contexte de « profits records », ces dernières n’auraient réinvesti dans le fonctionnement de l’entreprise que 27,3 % de leurs bénéfices.

Tout le reste, c’est-à-dire environ les deux tiers de leurs bénéfices, se seraient retrouvés dans les poches d’actionnaires relativement privilégiés, notamment grâce à des « dividendes records » et à des écarts excessifs de rémunérations.

Oxfam fait remarquer qu’en comparaison, dans les années 2000, « les entreprises ne versaient pas plus de 30 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires ».

La dépendance des travailleurs ne s’achète pas, elle s’obtient par pingrerie systémique

Ainsi, « si elles avaient choisi de maintenir en 2016 le même niveau de dividendes qu’en 2009 et d’augmenter la rémunération des employés plutôt que celle des actionnaires, l’ensemble des travailleurs du CAC 40 dans le monde auraient pu voir leurs revenus augmenter en moyenne d’au moins 14 000 euros sur la période, soit plus de 2000 euros par an et par employé ».

Oxfam affirme que son étude « met en lumière une tendance lourde dans les choix économiques de ces grandes entreprises qui contribuent à alimenter la spirale des inégalités […] avec des rémunérations qui explosent pour les hauts dirigeants au détriment de rémunérations toujours plus faibles pour la plupart des employés ».

De plus, Oxfam soutient que la baisse de l’investissement dans le fonctionnement des entreprises elles-mêmes « fragilise à terme la santé économique des entreprises françaises ».

À son avis, le « partage inégal de la valeur ajoutée » des entreprises serait aussi favorisé par des stratégies d’évitement de l’impôt, par l’entremise de paradis fiscaux et de crédits d’impôts, qui sont utilisées par des entreprises pour « maximiser leurs bénéfices ».

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