Le peuple et des actionnaires tirent un bout de couverte de leur côté

10 août 2016
Dominique Lemoine

L’état des écarts de rémunérations entre les patrons et les travailleurs est devenu tel en Angleterre que même le Parti conservateur ajuste son discours à la soif d’équité du peuple.

Le Devoir rapporte, selon des données du High Pay Centre, que la rémunération moyenne des patrons des entreprises qui composent l’indice de référence de la Bourse de Londres (FTSE 100) aurait atteint l’équivalent de 9,5 millions de dollars canadiens en 2015 contre 8,4 millions de dollars canadiens en 2014 pour une hausse de 10 % en un an et de 33 % depuis 2010.

Le niveau actuel serait 140 fois plus élevé que le salaire moyen des employés, comparativement à 47 fois plus élevé en 1998, relève Francetv info, dont la source est aussi le High Pay Centre.

Le gouvernement britannique représenté par la première ministre conservatrice Theresa May pourrait ainsi être contraint d’agir pour apaiser la colère du peuple, par exemple en forçant les sociétés à tenir des votes contraignants auprès des actionnaires au sujet de la rémunération des grands patrons. Des votes dont l’aspect consultatif a jusqu’à maintenant été jugé satisfaisant par les décideurs.

La première ministre May se serait cependant récemment exprimée, dans un discours, en faveur de limitations aux rémunérations des chefs de direction et d’une plus vigoureuse application des lois antitrust, mentionnait en juillet un billet publié par le New York Times.

Ce dernier relevait aussi que May se serait dite en faveur d’un pays qui « ne travaille pas pour une poignée de privilégiés, mais pour tous et chacun » et qu’elle aurait affirmé que les salariés n’ont pas obtenu une croissance comparable de leurs gains.

Plus de transparence pourrait aussi être exigée en matière de définition des objectifs et des critères qui déclenchent les systèmes de primes à la performance, ainsi que la divulgation publique par les grandes entreprises de leur ratio entre le salaire du patron et celui du salarié moyen.

La colère au sujet des rémunérations excessives des dirigeants serait aussi répandue au sein du groupe des actionnaires et des investisseurs individuels et institutionnels.

Reste à voir ce qui restera des paroles dans les actions prises et quels seront les compromis et les concessions acceptés sur d’autres questions pour faire avaler la pilule aux dirigeants d’entreprises.

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