Au Robin des banques : « Nous ne lâcherons pas »
2024-04-05
Le MÉDAC
Le MÉDAC est un legs unique
Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), qui est une association de membres (OSBL), doit son existence même à M. Yves Michaud✝, le Robin des banques, décédé le 19 mars dernier[1]. Il a fondé le MÉDAC — alors l’Association de protection des épargnants et investisseurs du Québec (APEIQ) — le 7 décembre 1995 (avec Me Paul Asselin et le professeur Réjean Belzile) afin de porter la voix des épargnants et des investisseurs — que nous sommes tous — et de défendre leur cause.
Propositions et actionnaires
Dès sa création, le MÉDAC a déployé une stratégie militante « activiste », bien avant que le « shareholder activism » (d’une tout autre nature…) du monde anglo-saxon ne soit répandu. Il a ainsi jeté les bases d’un authentique militantisme actionnarial. Plus encore, l’arrivée du MÉDAC a transformé la culture corporative en s’appuyant sur le mécanisme des propositions d’actionnaires comme instrument pour défendre ses positions. Ne l’oublions pas : c’est grâce au MÉDAC dans l’affaire l’opposant à la Banque Nationale et à la Banque Royale — conflit réglé par la décision Rayle[2] — que la légitimité du recours aux propositions d’actionnaires et de l’assemblée annuelle comme instance démocratique s’est inscrite en jurisprudence. Imposant aux banques de soumettre ses propositions sur la rémunération des dirigeants au vote des actionnaires, l’honorable Pierrette Rayle a alors jugé qu’elles ne pouvaient pas ignorer l’opinion des actionnaires : « L’actionnaire qui se manifeste ne doit pas être perçu ni traité comme un adversaire ou un intrus. » Depuis, le MÉDAC est l’organisation qui a déposé le plus grand nombre de propositions d’actionnaires au pays.
De même, le MÉDAC n’a pas hésité à débarquer sur la place publique pour sensibiliser les épargnants et les investisseurs du grand public à la nature de ses luttes et au contenu de ses propositions, démocratisant un sujet qui touche tout le monde.
Dialogue et citoyens
Si le MÉDAC s’est d’abord intéressé à la bonne gouverne des entreprises et à la défense des droits des actionnaires — problèmes alors criants, il y a 25 ans —, l’environnement et la responsabilité sociale des entreprises constituent désormais une large part du lot de ses propositions[3] : vote sur la rémunération des dirigeants, présence des femmes, transparence extrafinancière, divulgation des langues maîtrisées, dividende social, certification des rapports ESG, vote consultatif sur les politiques environnementales, etc. À l’heure où les enjeux sociaux sont plus présents que jamais, le MÉDAC l’est aussi. L’approche du MÉDAC s’est également modifiée pour passer des assemblées annuelles à des campagnes de dialogue avec les sociétés ouvertes. Cette approche a conduit à des avancées substantielles et à des changements dans la culture corporative. Avec ses sujets et son approche réinventés, le MÉDAC est devenu bien plus que la voix des épargnants et des investisseurs; il est désormais une voix résolument citoyenne, dont la parole se fait entendre partout. Les préoccupations des gens sont clairement celles du MÉDAC.
Le MÉDAC offre également un programme d’éducation populaire d’initiation aux marchés financiers assurant la diffusion de connaissances de base en matière financière : investissement, produits financiers, gouvernance, etc. Sur le plan judiciaire, le MÉDAC saisit les tribunaux dans le cadre d’actions collectives (recours collectifs), comme celles intentées contre Nortel, Cinar, Manuvie ou la Banque Laurentienne.
Le MÉDAC pousse les sociétés ouvertes à assumer leur responsabilité envers la société. Le MÉDAC est l’une des seules organisations au pays à le faire. En effet, dans le régime capitaliste financiarisé qui est le nôtre, le MÉDAC est une organisation farouchement indépendante : nous n’avons aucun client. Manifestation du destin, durant les funérailles de M. Yves Michaud, le 4 avril, le MÉDAC remportait un vote durant l’assemblée annuelle d’une banque, pour le maintien — le retour… — des assemblées en personne plutôt que seulement virtuelles. Le MÉDAC est un organisme unique et est, à ce titre, un des legs les plus précieux de M. Yves Michaud. « Rien ne sert d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. », avait-il l’habitude de rappeler. Ses propos guideront toujours le MÉDAC. Nous ne lâcherons pas.
Willie Gagnon, directeur général
Ivan Tchotourian, président du conseil
[1] Nos condoléances et notre plus sincère sympathie vont à tous ses proches.
[2] Michaud c. Banque nationale du Canada, [1997] R.J.Q. 547.