Vote historique des actionnaires de l’Industrielle Alliance

2020-05-14
Johanne Elsener, actionnaire d’iA Société financière inc. (Industrielle Alliance) et membre du MÉDAC
Hélène Dufresne, actionnaire d’iA Société financière inc. (Industrielle Alliance)

Le 7 mai dernier, les actionnaires de l’Industrielle Alliance votaient à 60 % en faveur de deux propositions d’actionnaires. Le conseil d’administration avait d’abord recommandé, dans la circulaire, de voter contre. Mais après avoir consulté des actionnaires, il a fait volte-face la journée même de l’assemblée générale.

La première de ces propositions recommandait d’évaluer le risque financier lié aux changements climatiques. À cet égard, les désastres naturels alimentés par les changements climatiques ont coûté 138 milliards de dollars aux compagnies d’assurances en 2017. C’est pourquoi plusieurs organismes ont sonné l’alarme pour inciter les compagnies d’assurances à évaluer ce risque financier.

Ainsi, selon un récent sondage de l’Institut canadien des actuaires publié en mars 2019, les changements climatiques ont été jugés le plus haut risque actuel et émergent par plus de 250 actuaires. Même son de cloche du côté de l’International Association of Insurance Supervisors qui écrit dans un rapport publié en 2018 : « Les risques climatiques représentent des défis importants pour le secteur des assurances. Ces risques sont susceptibles de croître avec le temps… Dans ce contexte, il est impératif que tous les assureurs considèrent leur exposition aux risques climatiques, indépendamment de leur taille, spécialité, domicile ou étendue géographique de leur marché, et cherchent à renforcer la résilience à ces risques là où c’est approprié ». Ici, au Canada, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a émis le souhait en 2019 que les sociétés d’assurances élaborent une stratégie de gestion des risques liés aux changements climatiques.

De plus, le risque climatique est intimement lié au risque environnemental associé à la pollution atmosphérique, car les principales sources d’émission sont les mêmes. Selon l’Association Actuarielle Internationale, la pollution atmosphérique est actuellement la principale cause environnementale de décès prématurés. Ainsi, selon une étude de Santé Canada publiée en 2019, la pollution de l’air est associée à plus de 3 800 décès prématurés annuels au Québec et plus de 14 600 au Canada. De plus, la pollution de l’air prédispose aux maladies infectieuses respiratoires comme la COVID-19.

Dans ce contexte, refuser d’évaluer le risque financier lié aux changements climatiques aurait signifié adopter une politique de l’autruche devant un risque mondialement reconnu. C’est probablement pourquoi la Norges Bank, l’un des principaux actionnaires, a voté pour cette proposition.

La 2e proposition recommandait d’établir des objectifs chiffrés de réduction des impacts environnementaux pour être en mesure d’obtenir rapidement des résultats tangibles et substantiels. Jusque-là, l’Industrielle Alliance s’était dotée d’une Politique de développement durable, mais sans y indiquer d’objectifs chiffrés.

Or, les actionnaires ont jugé que des objectifs chiffrés étaient plus susceptibles d’engendrer des résultats optimaux pour ce critère ESG. Car l’avantage d’objectifs chiffrés, c’est souvent de se donner les moyens d’atteindre ces objectifs. La Caisse de dépôt et placement du Québec justifie ainsi son vote en faveur de cette proposition : « L’adoption des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre favorise le respect et la protection de l’environnement ». Cette méthode a d’ailleurs fait ses preuves chez le Groupe Allianz qui a été désigné l’assureur N° 1 du Dow Jones Sustainability Index pour la deuxième année consécutive.

Avec ces nouvelles orientations, l’Industrielle Alliance sera plus solide pour faire face à l’avenir.

Circulaire de la société, y compris le texte des propositions ›››

Rapport des résultats de vote ›››

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