Petit guide de la faune du conseil financier
Comment distinguer les différentes espèces qui peuplent la jungle des services financiers? Pour vous y aider, voici un petit traité de taxinomie financière.
2016-08-28
Marc Tison, La Presse
Pas content, l’Institut québécois de planification financière.
Le 20 août dernier, dans nos pages, une nouvelle d’agence, traduite en français, nous apprenait que selon un sondage, près de la moitié des Canadiens « estiment que les conseils prodigués par des planificateurs financiers ne correspondent pas à leurs objectifs en matière de placements ».
L’ennui, c’est que le texte original en anglais faisait plutôt mention d’
, bref, de conseillers au sens large.Le titre de planificateur financier est réservé aux personnes qui ont obtenu le diplôme délivré par l’Institut québécois de planification financière (IQPF).
« Ça arrive trop souvent », déplore Jocelyne Houle-Lesarge, présidente-directrice générale de l’IQPF. « La réputation des planificateurs financiers s’en trouve entachée. Comme quand il avait été dit qu’Earl Jones était planificateur financier, alors qu’il n’avait aucun diplôme. »
Bon. Quel titre générique pouvons-nous donner à l’ensemble des intervenants qui prodiguent des conseils et fournissent des services dans le secteur financier?
« Chéri, je m’absente, j’ai rendez-vous avec mon représentant en épargne collective et courtier en assurance de personnes »?
Le terme « conseiller financier » semble approprié.
« Si on s’en tient strictement à la lettre, rétorque Minterdit au Québec. »
Houle-Lesarge, c’est un titre qui estMisère.
Il fait partie d’une série de titres qu’un professionnel du secteur financier ne peut porter, parce qu’ils pourraient prêter à confusion avec le titre réservé de planificateur financier.
Consultant financier et consultant en finances personnelles sont eux aussi honnis.
Pas étonnant que le tout-venant confonde les animaux, dans cette forêt où les appellations sont aussi variées que confuses.
« Les titres qui relèvent de la Loi sur la distribution de produits et services financiers (LDPSF) déterminent des titres très précis : planificateur financier, etc., indique Sylvain Théberge, porte-parole de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Mais la Loi sur les valeurs mobilières (LVM), elle, ne contient pas de dispositions spécifiques. »
C’est la jungle. Il y a les titres définis dans la LDPSF. Les références aux courtiers, représentants et conseillers dans la Loi sur les valeurs mobilières. Les descriptions dans le règlement qui l’accompagne. Les titres utilisés dans le Registre de l’AMF.
La tête nous tourne : une chatte y perdrait ses canetons.
Essayons tout de même de mettre un peu d’ordre dans cette faune.
Petite classification des espèces financières
Planificateur financier (
)Espèce répartie partout au Québec. Niche aussi bien dans les cabinets privés que dans les institutions financières.
Le planificateur financier doit nécessairement être diplômé de l’Institut québécois de planification financière pour porter ce titre. Sa formation lui permet d’offrir des conseils en matière de finances, de fiscalité, de retraite, de succession, de placements, d’assurances et sur divers aspects légaux.
Courtier en assurance de dommages
Espèce polygame et sans attaches, le courtier en assurance de dommages offre au consommateur un choix de produits d’assurance auto et habitation de différents assureurs.
Agent en assurance de dommages
Sous-espèce monogame du précédent, l’agent en assurance de dommages propose les produits d’un seul assureur, soit directement pour cet assureur, soit pour un cabinet qui le représente exclusivement.
Représentant en assurance collective
Animal grégaire, ce représentant offre des produits d’assurance collective de personnes (assurance vie, par exemple) ou des rentes collectives d’un ou plusieurs assureurs.
Représentant en assurance de personnes
Peu farouche, le représentant en assurance de personnes propose directement au consommateur, souvent dans le terrier de celui-ci, des produits d’assurance vie, assurance maladie, assurance accidents, etc. Il peut représenter plus d’un assureur.
Représentant en épargne collective
Le représentant en épargne collective favorise la vie en troupeau. Il offre des parts d’organismes de placements collectifs – c’est-à-dire des participations dans des fonds communs de placement, en langue vernaculaire.
Représentant en plans de bourses d’études (
Souvent associé au hibou, le représentant en plans de bourses d’études, doté d’une vision à long terme, propose des programmes d’investissement en régimes enregistrés d’épargne-études.
Représentant de courtier en placement
Ce mammifère prévoyant, proche de l’écureuil, offre une panoplie de placements – actions, obligations, fonds communs. Certains se contentent de répondre aux instructions du client, d’autres y ajoutent des services de conseil, d’analyse et de gestion de portefeuille.
Représentant-conseil du gestionnaire de portefeuille
Animal doté d’un solide sens de l’orientation, le gestionnaire de portefeuille gère votre portefeuille de placements selon vos instructions. Il peut prendre et concrétiser des décisions d’achat et de vente en votre nom.
L’insaisissable courtier
Très fuyant, le courtier est difficile à saisir. Dans la LDPSF, le mot courtier renvoie à une personne physique qui propose les produits financiers de plusieurs fournisseurs.
Dans la LVM, le courtier est défini comme une personne qui effectue des placements ou des opérations sur des valeurs boursières.
Dans le registre de l’Autorité des marchés financiers, le courtier désigne habituellement un cabinet qui représente plusieurs fournisseurs de services.
On y trouve d’ailleurs des titres comme celui-ci : représentant de courtier pour le courtier en épargne collective.
Carl von Linné* y perdrait son latin.
* Naturaliste suédois du XVIII
siècle qui a jeté les bases de la nomenclature binominale.« On est bien conscients de l’espèce de confusion qu’on retrouve, constate le porte-parole de l’AMF Sylvain Théberge. C’est la raison pour laquelle nous avons une consultation [33-404] en cours, au niveau des Autorités canadiennes en valeurs mobilières, qui vise précisément à faire le ménage dans les titres, pour qu’il y ait une plus grande transparence pour le consommateur. »
L’échéance de cette consultation pancanadienne est prévue le 30 septembre prochain.
Voici une des options de simplification proposées dans le document de consultation.
Conseiller en valeurs mobilières – gestion de portefeuille
Représentant d’une société inscrite comme gestionnaire de portefeuille ou courtier en placement, qui a une liste de produits mixtes ou non exclusifs, et qui gère un compte discrétionnaire.
Conseiller en valeurs mobilières
Représentant d’une société inscrite comme gestionnaire de portefeuille ou courtier en placement, qui a une liste de produits mixtes ou non exclusifs, et qui conseille un client sans compte discrétionnaire.
Conseiller en valeurs mobilières d’exercice restreint
Représentant de toute autre société qui n’est pas courtier en placement ou gestionnaire de portefeuille, mais a une liste de produits mixtes ou non exclusifs.
Vendeur de valeurs mobilières
Représentant de toute société qui a une liste de produits exclusifs.