Power entend enfin raison

« À force de tomber, une goutte d’eau creuse le roc. »
— Théocrite, v. 310-250 av. J.-C.

2020-04-22
Willie Gagnon, Le MÉDAC

« Le conseil a décidé d’accepter la proposition du MÉDAC […] ». C’est en ces termes que la société Power Corporation du Canada (Power) a finalement emboîté le pas aux très nombreuses sociétés ouvertes qui ont adopté, depuis 2010, la pratique de soumettre leur politique de rémunération au vote des actionnaires à chaque assemblée annuelle.

Les résultats de vote obtenus au fil du temps sur notre proposition d’actionnaire figurent dans le tableau ci-dessous.

année pour contre
2013 18,02 % 81,98 %
2014 17,52 % 82,48 %
2015 17,01 % 82,99 %
2016 18,74 % 81,26 %
2017 19,55 % 80,45 %
2018 21,52 % 78,48 %
2019 23,30 % 76,70 %

Il faut noter que l’appui à notre proposition d’actionnaire a continuellement augmenté sur presque toute cette période (sauf la 1ère année). Il faut également souligner qu’il existe des actions à droit de vote multiple dans cette société et que les actionnaires de contrôle, dont on peut déduire qu’ils s’opposaient à la mesure, détenaient plus de 59 % des droits de vote (50,76 % aujourd’hui, depuis le rachat de la Corporation financière Power).

Aussi, un tel niveau d’appui signifie qu’un quantité considérable d’actionnaires appuyait notre proposition, tant en nombre absolu qu’en proportion des actionnaires minoritaires (qui ne détiennent pas le contrôle de la société), et que se trouvent, parmi ces actionnaires, des actionnaires institutionnels d’importance, comme en font foi certains registres de votation des plus importants d’entre eux. L’on comprendra aisément que le MÉDAC ne détient pas autant d’actions. Nous ne sommes pas seuls.

Sans en tirer quelque conclusion que ce soit quant aux raisons qui ont mené Power à changer d’avis sur la question, nous ne pouvons pas nous empêcher de remarquer que la chose intervient à un moment qui coïncide avec l’arrivée d’un nouveau PDG qui n’est pas actionnaire de contrôle.

Cet aboutissement intervient dans le contexte où la Loi canadienne sur les sociétés par actions (LCSA) comprend maintenant une mesure (art. 172.4, qui n’est cependant pas encore en vigueur) qui rendra la pratique du vote consultatif obligatoire pour les sociétés relevant de son régime (fédéral).

Approche concernant la rémunération

172.4 (1) À chaque assemblée annuelle, les administrateurs d’une société visée par règlement présentent aux actionnaires l’approche relative à la rémunération visée à l’article 125.1.

Vote non contraignant

(2) Les actionnaires votent sur l’approche présentée au titre du paragraphe (1). Le résultat du vote ne lie pas la société.
Divulgation des résultats du vote

(3) La société divulgue les résultats du vote aux actionnaires.

Source : LCSA

Nous sommes par ailleurs heureux du dénouement de cette affaire ainsi que du fait que celui-ci met un terme à ce qui avait toutes les apparences d’un affrontement idéologique sans issue qui durait depuis très longtemps déjà.

Il est à remarquer que, désormais, de toutes les entreprises dont le titre figure au portefeuille du MÉDAC, seule la société CGI inc. n’a pas encore implanté le vote consultatif, malgré nos réclamations soutenues et notre considération attentive de ses efforts de dialogue avec les actionnaires.

Dans cette démarche, comme dans toutes nos démarches par ailleurs, notre persévérance est soutenue par le courage que nous inspire notre fondateur M. Yves Michaud, le Robin de banques, qui cite régulièrement cette devise de Guillaume d’Orange.

« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. » — Guillaume d’Orange, dit Le Taciturne, 1533-1584, également auteur de la devise des Pays-Bas : « Je maintiendrai. »

Nous ne lâcherons pas.

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