La crise de 2008 dans le détail
Prix Nobel d’économie 2008, détenteur d’un doctorat du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Paul Krugman a enseigné au MIT, à l’université Stanford, à l’université Yale et à la London School of Economics et enseigne présentement à l’université de Princeton. Néokeynésien proche du parti démocrate, Krugman est un incontournable quand il s’agit de macroéconomie, surtout aux États-Unis-d’Amérique.
Son livre de langue anglaise End this depression now!, disponible en version papier et au format audio (iTunes), est un ouvrage qui, grâce à une approche pédagogique impeccable, permet aux néophytes d’approfondir dans le détail leur compréhension de la crise de 2008 en particulier et de l’économie en général.
Krugman dresse en effet un portrait historique détaillé de ce qui a mené à cette crise, présente de manière intelligible les grands concepts et les théories économiques nécessaires à une bonne compréhension la situation et explique, à l’aide de plusieurs exemples clairs, ce qui devrait être fait, selon lui, pour remédier à la situation. Réputé interventionniste — au bas mot… — Krugman nous sert sa recette pour, non seulement sortir de la crise (qui n’est toujours pas finie…) de manière résolue, mais également pour éviter que ce type de « catastrophe » ne se reproduise dans le futur.
Il faut bien sûr maîtriser l’anglais. Aussi, ce livre, dans sa version audio, est très agréable à écouter en voiture ou en faisant des travaux manuels.
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Note : Une traduction de langue française est maintenant disponible :
Assez de bla-bla, passons à l'action ! "Le gros de la littérature qui bourgeonne sur la catastrophe actuelle se demande : comment est-ce arrivé ? Pour ma part, je préfère poser la question : et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?", attaque bille en tête Paul Krugman, professeur émérite à l'université de Princeton, aux Etats-Unis, et chroniqueur au New York Times.
Ceux qui lisent régulièrement la prose du Prix Nobel 2008 (notamment Pourquoi les crises reviennent toujours, Seuil, 2008), ne seront pas surpris par son énergie à combattre ce qu'il appelle l'"orthodoxie" économique. On ne s'ennuie pas une seconde en lisant son nouvel opus.
Toujours aussi percutant et clair, Paul Krugman a voulu, selon ses propres termes, rendre son livre compréhensible par "le lecteur intelligent moyen dont l'économie n'est habituellement pas la tasse de thé".
Si une partie du livre est consacrée à l'économie américaine et aux débats de politique économique intérieure, c'est sur l'Europe que la verve du chroniqueur s'épanouit, dans la dénonciation de la "grande illusion" européenne, à savoir le mythe d'une crise essentiellement due à l'irresponsabilité budgétaire.
SONT-ILS MASOCHISTES ?
Les "gens très sérieux" qui nous gouvernent, note M. Krugman, ont évacué le principe énoncé par Keynes : "C'est en phase d'expansion, pas de ralentissement, qu'il faut appliquer l'austérité." Les dirigeants européens sont-ils masochistes ?, se demande-t-il, ironisant sur "l'économie comprise comme un conte moral, à cela près que les péchés recevant châtiment n'ont pour la plupart jamais été commis".
Certes, l'auteur admet que les pays déficitaires doivent se soumettre à une bonne dose d'austérité prolongée. Il reconnaît que démanteler l'euro serait coûteux. "Même les eurosceptiques de mon acabit perçoivent que démanteler l'euro, à présent qu'il existe, supposerait des coûts très importants."
Mais par le passé, martèle-t-il, toutes les politiques de sortie de crise ont visé à faire baisser la valeur de la dette, et non à la rembourser. Le remède ? Les Européens doivent accepter une inflation un peu supérieure à 4 %, qui évite de tomber dans la fameuse "trappe à liquidités" - comme le Japon des années 1990 - où la politique monétaire devient inefficace.
"Il faut que la BCE conduise une politique monétaire très expansionniste et que l'Allemagne et quelques autres pays plus petits engagent une relance budgétaire", prescrit le docteur Krugman. Politiquement hors sujet, diront certains ? Mais là où tout le monde sera d'accord, en revanche, c'est quand il affirme que l'Europe doit mettre fin à la situation de "panique" dans laquelle elle vit depuis quatre ans.