Ces riches qui ne paient pas d’impôt
Cet ouvrage mérite une attention très particulière de la part du lecteur. Il relate des situations bien réelles et inédites à propos de l’évasion fiscale, la fraude, la contrebande, les paradis ou les oasis fiscaux. L’auteure démystifie et met en évidence les différentes pratiques utilisées : celles qui sont légales, l’évasion fiscale ou les paradis fiscaux, ainsi que celles qui sont illégales et qui permettent aux contribuables d’échapper au fisc canadien.
L’auteure illustre son propos de plusieurs exemples concrets de ces contribuables bien nantis qui prennent tous les moyens pour exploiter au maximum le système fiscal et ce, même s’ils doivent faire modifier les lois régissant la fiscalité canadienne pour arriver à leurs fins. Ces faits et d’autres vérités similaires nous sont révélés dans les moindres détails par Brigitte Alepin ce qui amène les lecteurs à croire que les contribuables honnêtes sont tout simplement victimes de ces scandales. En terminant, l’auteure analyse le rôle important que le gouvernement pourrait jouer s’il intervenait dans les affaires fiscales en tant qu’entité de régulation plutôt que comme complice et associé de ces manœuvres. L’ouvrage traite également d’autres faits saillants concernant le blanchiment d’argent par les contrebandiers et les familles fortunées qui, elles, utilisent les paradis bancaires pour effectuer des transactions secrètes impossibles à dévoiler au fisc, et même inconnues de la majorité des banquiers. Avouons que ces scandales fiscaux nous amènent à formuler deux hypothèses. Se pourrait-il que le gouvernement ne possède aucun contrôle sur la situation ou qu’il ne dispose pas des moyens suffisants pour contrer l’évasion fiscale? Dans ce cas, le système fiscal doit être révisé en profondeur et des mesures drastiques doivent être mises en place. Ou alors, le gouvernement ne veut tout simplement pas contrôler ces riches pour satisfaire des intérêts personnels au détriment de l’intérêt commun.
Un compte rendu de Hassan Akdim.
Dans cet ouvrage percutant, la fiscaliste Brigitte Alepin relate comment certaines personnalités ainsi que des familles et des entreprises parmi les plus riches du Canada et du Québec abusent systématiquement du système fiscal. Ce livre captivant réunit pour la première fois un ensemble de faits et décrit des situations parfois inédites. Nous y apprenons, entre autres, comment : Cinar et ses ex-dirigeants ont fraudé le système sans même être traduits en justice ; la Canada Steamship Lines, Irving Oil, des gens du milieu du spectacle, des motards criminalisés et bien d’autres ont utilisé ou continuent à utiliser les paradis fiscaux pour se placer à l’abri du fisc canadien ; la famille Chagnon s’est dotée, lors de la vente de Vidéotron, d’une fondation de 1,4 milliard à même les impôts ; les Bronfman ont réussi à éviter une facture d’impôt de 750 millions de dollars ; le CN, le CP et certains fleurons québécois, tels Vidéotron, Molson, Saputo, Alcan et Domtar réussissent à reporter dans le temps des milliards de dollars d’impôts ; des institutions religieuses ont été impliquées dans d’importantes fraudes fiscales ; les compagnies de tabac ont participé, selon la GRC, à la plus importante fraude de l’histoire du Canada.
Alors qu’un simple citoyen verse en moyenne 60 % de ses revenus pour payer ses impôts et les taxes à la consommation, tandis que les plus riches ont accès à une panoplie d’outils fiscaux pour contourner, voire annuler des milliards de dollars d’impôts à payer, il y a tout lieu de parler d’un scandale de société.
Ces riches qui ne paient pas d’impôt, Brigitte Alepin, Éditions du Méridien, 2004