Bombardier : la vérité sur le financement d’un empire
Depuis 2001, Bombardier, le plus important fabricant de matériel ferroviaire et de transport en commun, et le troisième avionneur au monde, fait plus souvent la manchette pour la valeur décroissante de son action et la controverse suscitée par ses demandes de subventions, que pour le génie de ses transactions ou son rôle majeur dans l’économie canadienne. Pourquoi est-ce ainsi? Peter Hadekel, chroniqueur économique et politique à The Gazette depuis plus de vingt ans, y répond brillamment. Pour bien comprendre l’univers complexe de Bombardier, Hadekel relate d’abord l’histoire fascinante de cette grande entreprise familiale. Il trace également un portrait de Laurent Beaudoin, ce visionnaire doté d’un flair et d’un sens de la négociation hors du commun. Hadekel résume bien l’importance des réalisations de ce grand gestionnaire dans l’entreprise fondée par son beau-père Joseph-Armand Bombardier.
Bombardier a connu des années fastes, mais plusieurs événements (le 11 septembre, de mauvais choix stratégiques, l’épidémie du SRAS, etc.) sont venus ralentir son expansion. Aujourd’hui, à bout de souffle face à la concurrence mondiale et évoluant dans des industries hautement subventionnées, l’entreprise demande un appui financier d’envergure. Ces appuis gouvernementaux à répétition soulèvent l’ire des économistes et des politiciens qui invoquent d’une part que les subsides encouragent le parasitisme en entreprise, et d’autre part, que les contribuables, à titre d’actionnaires passifs, n’en ont pas pour leur argent. Pour Bombardier, ce raisonnement est complètement erroné. À preuve, son réseau de fournisseur s’étend d’un océan à l’autre et génère des emplois de bonne qualité à bon nombre de Canadiens. Alors, doit-on faire en sorte que Bombardier demeure et prospère au Canada? Pour Hadekel, ça semble évident.
Un compte rendu de Jean-François Saint-Pierre. M. Saint-Pierre est directeur de la Coop HEC Montréal
Bombardier représente l’une des plus grandes réussites canadiennes du monde des affaires, et le pays a tout lieu d’en être fier. En dépit des difficultés que cette entreprise a dû affronter au cours des dernières années, elle n’en est pas moins le plus connu de nos constructeurs à l’échelle mondiale.
Mais ce succès phénoménal à l’étranger a été largement controversé chez nous. Depuis plus de vingt ans, un débat fait rage autour de l’étendue des appuis gouvernementaux dont a bénéficié cette société. D’aucuns diront que c’est là un vain débat, puisque le succès de Bombardier rembourse les contribuables canadiens des millions qu’ils ont consacrés à sa croissance.
C’est un point de vue compréhensible, mais dont les Canadiens font les frais. Ils méritent de savoir comment et pourquoi on dépense leur argent. Ils sont de véritables associés passifs dans cette entreprise dont ils connaissent mal les enjeux.
Bombardier : la vérité sur le financement d’un empire, Peter Hadekel, Les Éditions de l’Homme, 2004, 389 pages.