CGI refuse encore le vote consultatif sur la rémunération de ses patrons

L’entreprise préfère en discuter avec ses actionnaires lors de rencontres privées

31 janvier 2019
Sylvain Larocque, Le Journal de Montréal

Le géant CGI a encore une fois refusé hier de donner la possibilité à ses actionnaires de voter sur la politique de rémunération de ses grands patrons.

La firme informatique fait partie des dernières entreprises québécoises valant plus d’un milliard de dollars en Bourse à continuer de s’opposer à cette consultation aux côtés de Power Corporation, de Saputo et de Transcontinental.

À l’assemblée des actionnaires, hier à Montréal, l’avocat en chef et secrétaire de CGI, Benoît Dubé, a expliqué que l’entreprise préférait prendre le pouls de ses actionnaires en organisant des rencontres avec les représentants des investisseurs institutionnels. Il y en a eu 186 l’an dernier.

Faire voter des robots?

« On a un vrai dialogue avec nos actionnaires, a-t-il soutenu. Ça fait des années qu’on fait ça et ces discussions nous ont permis de faire évoluer notre politique en matière de rémunération. »

Pour M. Dubé, les efforts de CGI en la matière, « ça va bien au-delà d’un vote consultatif ».

Le fondateur et président du conseil d’administration de CGI, Serge Godin, a noté que les actions des sociétés ouvertes sont de plus en plus détenues par des fonds indiciels.

« Allez-vous vraiment confier le sort d’une entreprise à des formules mathématiques? » a-t-il lancé.

La résolution du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) prônant un vote consultatif sur la rémunération a reçu un appui de 23 % hier chez CGI, une nette amélioration par rapport aux 16 % d’il y a deux ans.

Tout indique cependant que le plus important actionnaire de CGI, la Caisse de dépôt et placement (participation de 17 %), s’est une fois de plus prononcé contre la mesure de gouvernance.

En 2016, la Caisse avait indiqué que des discussions étaient en cours avec CGI « pour que l’entreprise adopte cette pratique de façon volontaire ».

L’année suivante, l’institution avait toutefois changé son fusil d’épaule, soulignant que CGI avait apporté des « améliorations » quant à la divulgation de la rémunération et que l’entreprise avait « adopté une politique de recouvrement des primes » en cas d’irrégularités.

En 2018, les cinq plus hauts dirigeants de CGI ont eu droit à une rémunération totale de 29,8 millions $, dont 13,9 millions $ pour M. Godin. Il s’agit d’une hausse de 9 % par rapport aux 27,3 millions $ de 2017. Pendant l’exercice 2018, les profits nets ont bondi de 10 % et le cours de l’action, de 29 %.

Résultats

CGI a par ailleurs dévoilé hier des résultats conformes aux attentes pour son premier trimestre, qui a pris fin le 31 décembre. Les revenus ont crû de 5 % pour friser les 3 G$ alors que les profits nets ont bondi de 9 % pour atteindre 312 M$.

Le PDG George Schindler a assuré que CGI avait été peu affecté par la paralysie partielle du gouvernement américain.

L’action de CGI a reculé de 0,3 % hier pour clôturer à 85,92 $ à la Bourse de Toronto.

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