L’actionnaire militant prend du galon

9 décembre 2014
Dominique Lemoine

Les divers mécanismes de rémunération des chefs de la direction au Canada ont permis une croissance de 11 % de leur rémunération, tandis que celle du travailleur moyen n’a grimpé que de 1,8 %. Ce terrain a permis la montée en force d’actionnaires qui payent la note.

À l’occasion d’une table ronde sur la rémunération des cadres supérieurs organisée par la chaîne financière canadienne BNN (propriété de BCE), trois experts ont échangé sur l’équilibre entre rémunération et performance, rémunération et attraction, ainsi que rémunération et droits de vote.

Pas de lien entre rémunération et performance

D’entrée de jeu, une journaliste du Globe and Mail a affirmé que l’argument, selon lequel une société dirigée par un chef de la direction moins bien rémunéré que ses pairs obtiendrait de moins bons résultats, est cultivé par certaines sociétés et industries, mais que d’autres font bien sans payer autant, comme l’industrie forestière.

« Récemment, les entreprises de l’industrie forestière ont connu un très bon parcours avec des chefs de la direction qui performent parmi les meilleurs dans nos classements, mais ils sont payés moins que la moyenne de 5,6 millions de dollars par année au Canada », a-t-elle soutenu.

Pas de lien entre rémunération et recrutement

De plus, selon un professeur en gouvernance et éthique de l’Université York, les études n’ont pas démontré que trouver ou non le chef de la direction parfait représente un risque pour les sociétés. La notion de volatilité des talents de chefs de la direction qui est utilisée par des comités de rémunération pour recommander et justifier des rémunérations égales ou supérieures au marché ne serait pas prouvée.

Actionnaires militants mieux outillés pour s’exprimer

Le troisième expert, de la firme conseil Global Governance Advisors, a souligné que des actionnaires militants font de plus en plus connaître leur mécontentement sur la rémunération en utilisant bel et bien leurs divers droits de vote d’actionnaires à l’encontre des administrateurs qui ont oeuvré sur les comités de rémunération.

« Le militant concentre désormais une attention très minutieuse aux membres des comités de rémunération et l’investisseur institutionnel regarde de plus en plus vers les militants. Donc, je ne voudrais pas être parmi ceux qui siègent sur un comité de rémunération qui se trompe », a mentionné le professeur de l’Université York.

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Regarder l’échange complet dans le site Internet bnn.ca (document de langue anglaise) ›››

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