Prises de participations et protection de sièges sociaux

27 mars 2019
Dominique Lemoine

Dans le cadre du budget 2019-2020 du gouvernement du Québec, la capacité financière d’intervention mise à la disposition de la société d’État Investissement Québec passe de quatre à cinq milliards de dollars.

Le cabinet du ministre des Finances affirmait la semaine dernière, au moment du dévoilement du budget, que le rôle d’Investissement Québec sera révisé, et que les détails de cette révision seront rendus publics dans les prochains mois.

L’augmentation de la capitalisation d’Investissement Québec doit cependant « lui permettre de réaliser davantage d’interventions à partir de ses fonds propres, notamment sous forme de prêts et de prises de participation », par exemple dans des entreprises « qui exploitent des ressources minérales ou qui en font la transformation » par l’entremise du fonds Capital Mines Hydrocarbures, renommé Capital Ressources naturelles et Énergie, a pour l’instant précisé Québec.

Selon Québec, ces prises de participation seront effectuées « avec espérance de rendement ».

Protection publique de sièges sociaux privés

Une enveloppe d’un milliard de dollars a été prévue par Québec « pour accompagner le développement des entreprises stratégiques et protéger la présence des sièges sociaux au Québec ».

Québec a aussi annoncé la constitution d’une équipe dont le mandat devra être « de développer une intelligence d’affaires dans le domaine de la protection des sièges sociaux ».

De plus, une somme publique de 329 millions de dollars a aussi été prévue, « afin d’accélérer l’adoption », par les entreprises, des technologies du domaine de l’intelligence artificielle.

Dans la foulée de Parizeau?

Seul le temps dira si l’approche du gouvernement de François Legault sera cohérente avec la vision de Jacques Parizeau, que le premier ministre actuel a déjà dit considérer comme un mentor.

Dans La Souveraineté du Québec : hier, aujourd’hui et demain (2009), Jacques Parizeau soutenait qu’il est important pour le Québec que l’État et ses leviers de développement économique prennent des participations minoritaires dans des entreprises de la « garde montante » d’ici, mais pas les plus gros risques dans des « entreprises faibles ».

« Les participations minoritaires permettent de comprendre ce qui se passe et parfois d’influencer les décisions », résumait-il aussi dans ce livre.

En 2011, dans une entrevue accordée au quotidien Le Devoir, Parizeau proposait la création d’une société « qui échangerait tout ce que le gouvernement ou ses sociétés d’État dépensent pour les entreprises contre des participations à l’actionnariat de ces entreprises, quelle que soit leur taille », pour que « les entreprises comprennent que, lorsqu’elles demandent quelque chose, elles vont se retrouver à augmenter la participation de l’État » dans leur fonctionnement.

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