Rébellion contre les patrons en cours au Royaume-Uni

24 mai 2016
Dominique Lemoine

Assemblée générale après assemblée générale depuis deux mois, de grands patrons britanniques seraient « cloués au pilori par leurs propres actionnaires », rapporte le quotidien français Le Monde.

À l’origine de ce mouvement se trouve l’augmentation perpétuelle des salaires des principaux dirigeants des sociétés, indépendamment de leurs performances et de celles de leur société.

Une des premières cibles en avril de cette rébellion des actionnaires a été la pétrolière BP (British Petroleum et plus anciennement Anglo-Persian/Iranian Oil). Les actionnaires, par vote consultatif, y ont rejeté à 59 % une rémunération de 17 millions d’euros pour le directeur général, en contexte de pertes historiques.

Aucune industrie épargnée

De plus, le groupe d’ingénierie Weir, la société de matériaux de construction CRH, l’entreprise minière Anglo American et le groupe de produits d’entretien Reckitt Benckiser ont eux aussi goûté, à divers degrés, à la médecine des actionnaires.

L’AG de la firme de publicité WPP en juin serait quant à elle très attendue, car son patron aurait touché 90 millions d’euros en 2015.

Le Monde fait remarquer qu’un « printemps des actionnaires » était aussi survenu en 2012 dans ce coin du monde et que « les entreprises avaient alors promis, main sur le coeur, d’en tirer des leçons ». Sauf que « depuis pas grand chose n’a changé », soutient l’association High Pay Centre, dont les propos sont cités par Le Monde et qui fait campagne pour réduire l’écart de revenus entre les super-riches et le reste, les simples mortels.

Ruissellement vers le haut

Selon l’Economic Policy Institute, qui est aussi cité par Le Monde, l’augmentation des rémunérations des patrons-Dieux aurait été d’environ 1000 % depuis 1978, tandis que la rémunération de la main-d’oeuvre et de la ressource humaine ordinaire aurait crapahuté autour de 10,9 % sur la même période.

Comme en France et aux États-Unis, ce contexte absurde serait désormais propice à des remises en question des votes consultatifs pour en faire des votes contraignants, ainsi qu’à des prétentions de volontés de légiférer sur les rémunérations des dirigeants d’entreprise.

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